La température de Montpellier à Paris… et celle de Toulouse à Lille en 2100 ! À l’aune de ces projections climatiques, Normandie, Picardie, Hauts-de-France, Grand Est, pourraient accueillir du sorgho. Toutefois, serait-ce déjà possible ? Une légende « rurale » tendrait à dire que oui pour certains secteurs ! Qu’en pense Arvalis ? « Le sorgho, au nord de Paris, ce n’est vraiment pas pour tout de suite, répond Aude Carrera, animatrice de la filière sorgho. Tout simplement parce que les variétés les plus précoces nécessitent une somme de températures que nous n’atteignons pas dans ces régions

Les sorghos précoces et très précoces exigent de 1750 à 1850 degrés jours cumulés pour se développer. La culture réalise son cycle si elle est semée avant le 10 mai et récoltée avant le 15 octobre afin d’éviter les reprises en eau. De plus, le semis demande un sol chaud, une température autour de 12 ° C et des conditions poussantes. Enfin, une récolte à plus de 15 % d’humidité peut entraîner des frais de séchage.

Sorgho, dans le Loiret et en Alsace

Seules deux enclaves, l’une localisée au sud de Paris jusque dans le Loiret et l’autre en Alsace, assurent une récolte huit années sur 10 (selon les données météorologiques des 20 dernières années).

Éventuellement, ces zones favorables mordent sur le sud de la Bourgogne 1 année sur 2, donc avec un risque d’échec accru. Dans ce secteur, la plante peut atteindre sa maturité trop tard dans l’automne. Dans les zones où le sorgho peut être semé, Agnès Tréguier, ingénieure R&D variétés et génétique chez Arvalis, recommande quatre variétés (selon une quinzaine d’essais menés par an). Arsky (Semences de Provence), précoce, est très cultivée. « Elle reste performante avec un rendement à 99.8 % des variétés de ce groupe de précocité et est disponible chez de nombreux distributeurs », indique l’ingénieure.

Plus précoce, Sinaï (Lidea), inscrite en 2022, sécurise le développement dans les secteurs limites. « Point intéressant, elle livre des niveaux de rendement comparables à Arsky », ajoute-t-elle. Sa particularité : des grains blancs notamment appréciés en oisellerie. Deux autres sorghos moins précoces, Arwen (Semences de Provence) et RGT Cambridgge (RAGT), inscrits en 2023, se destinent au secteur sud Loiret ou aux sols les plus profonds. « Ils ont les meilleurs rendements, soit 103 à 104 % par rapport à la moyenne. Depuis trois ans, ces variétés se démarquent pour la stabilité des résultats, malgré des années contrastées en températures et disponibilité en eau. »

Côté désherbage, deux faux semis en avril se révèlent efficaces sur le ray-grass. Avec l’arrêt du S-métolachlore, le désherbage risque de se déplacer vers la post-levée en un à deux passages.