Contexte et présentation du plan Parsada

Ces dernières années, les nouvelles molécules ont été peu nombreuses en regard des retraits. C’est dans ce contexte que le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire a lancé, le 19 décembre 2023, l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) « Investir pour élargir la palette des solutions mises à disposition des agriculteurs et développer les alternatives aux produits phytopharmaceutiques ». C’est la DGAL (Direction générale de l’alimentation) qui décidera des projets qui seront financés, selon les recommandations d’un comité scientifique et technique dédié.

Au cours de l’année 2023, un premier diagnostic a été effectué par les instituts techniques agricoles afin d’identifier les problématiques phytosanitaires les plus concernées par les potentiels retraits futurs. Pour les grandes cultures, il ressort que la gestion des graminées est une problématique montante et généralisée. Cette thématique constituera la première vague du plan Parsada.

L’objectif du plan qui se met en place est de trouver des alternatives avant d’éventuelles interdictions des substances actives. Il s’intègre dans le plan Écophyto 2030 et dans un objectif de réduction de la dépendance des producteurs aux produits chimiques. Il doit permettre d’accélérer la recherche et d’apporter de nouvelles solutions aux agriculteurs. Les combinaisons de leviers ainsi que les solutions transversales entre les filières seront mises en avant dans le cadre de ces travaux.

Les plans seront organisés selon les 4 axes suivants :

– Axe 1 : connaissance des bioagresseurs et des auxiliaires.

– Axe 2 : solutions à l’échelle de la plante/de la culture.

– Axe 3 : solutions à l’échelle de la parcelle et du paysage.

– Axe 4 : transfert et déploiement auprès des agriculteurs.

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(*) Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures.

Les projets peuvent être conduits pour une durée de 3 à 5 ans. La gouvernance est prévue sur 2 niveaux avec un comité inter filières présidé par le ministre de l’Agriculture et un niveau par filière rassemblant les interprofessions. Huit filières ont été identifiées, dont une filière grandes cultures. Le tableau (page 13) liste les 8 filières impliquées dans ce plan avec, pour chacune, l’axe priorisé pour leur première vague.

Une deuxième puis une troisième vague sont prévues dans le cadre du plan. Les sujets retenus dépendront des impasses techniques. Annoncé lors du Salon international de l’agriculture 2023 par la première ministre, les premiers travaux vont débuter au cours de l’année 2024.

Travaux de l’ITB sur les graminées

Dans le cadre du plan d’action graminées, les instituts techniques des grandes cultures proposent 3 projets :

Le premier projet a pour objectif de partager à l’échelle des rotations des grandes cultures le diagnostic des problématiques liées aux graminées et de développer les leviers de lutte directe. Des travaux d’expérimentation et d’analyse pluri-critères sur la pulvérisation de précision et le désherbage mécanique seront également conduits.

Le deuxième projet a pour objectif d’améliorer les connaissances sur les leviers prophylactiques. Le déploiement vers les agriculteurs est également l’ambition du projet à travers des plateformes régionales qui favoriseront le partage d’expérience.

Le troisième projet a pour objectif d’améliorer les connaissances sur les graminées et de développer des innovations (concernant la robotisation, les biotechnologies ou de nouvelles méthodes de lutte comme le laser ou le traitement électrique) permettant une meilleure gestion de la pression adventices et du désherbage d’ici 5 ans.

Les trois projets accorderont une place importante à la formation et proposeront des actions de communication concertées qui valoriseront l’ensemble des résultats produits.

Les projets découlent des thèmes proposés dans le plan d’action graminées dont les principaux points sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Travaux de l’ITB sur les coléoptères

Les grandes cultures vont également participer aux travaux du plan d’action coléoptères de la filière semences et plants. Dans ce cadre, les recherches de la filière betterave à sucre ont pour objectif la lutte contre le charançon Lixus juncii.

Les travaux porteront sur l’amélioration des connaissances sur le comportement des charançons dans la parcelle (localisation, période d’activité, capacité de déplacement, activités de reproduction) mais aussi sur leurs comportements dans l’environnement (localisation du lieu d’hivernation, plantes hôtes). Des différences de sensibilité entre variétés ont été observées ces dernières années. Les expérimentations vont se poursuivre afin de mieux connaître et comprendre ces différences. De nouvelles plantes de service et de nouveaux produits de biocontrôle seront également expérimentés dans le cadre de ce plan.

CE QU’IL FAUT RETENIR

– À l’initiative du ministère, les travaux sur le développement des alternatives aux molécules chimiques menacées de non-renouvellement vont s’amplifier dans le cadre du plan Parsada.

Les actions vont concerner dans un premier temps la gestion des graminées et la lutte contre les charançons pour la culture de la betterave.

Les actions de recherche seront conduites pour une durée de 3 à 5 ans.