À quoi jouent les spéculateurs ? Acheteurs nets d’un million de tonnes de sucre fin février, à l’équilibre début mars, puis à nouveau acheteurs nets… Ils semblent décidément se chercher, à moins, tout simplement, que les matières premières agricoles soient un peu délaissées au profit de placements classiques, plus rémunérateurs… Pourtant, les négociants en sucre semblaient unanimes, lors de la « Dubaï Sugar Conference » organisée début mars par l’un des plus gros raffineurs de sucre au monde : les fondamentaux restent haussiers. Personne n’anticipe une détente sur le bilan mondial à court terme, sur fond de volumes de production décevants un peu partout sur le globe. Les disponibilités brésiliennes devraient certes arriver d’ici un mois, mais la campagne s’annonce insatisfaisante après la campagne exceptionnelle de l’an dernier. Et, surtout, elle ne devrait pas suffire à rattraper les manques thaïlandais et indiens, où l’impact d’El Niño ne devrait être réellement connu qu’à l’automne prochain.

Au niveau européen, la baisse du prix spot, initiée à l’été dernier, semble s’interrompre. En préambule, rappelons que le prix du spot, tel que diffusé par S&P, repose davantage sur une perception des marchés que sur des échanges effectifs. Ils n’en restent pas moins éclairants, justement, des impressions des opérateurs.

Or, depuis quinze jours, les nouvelles haussières se succèdent.

Premièrement, ce même analyste, S&P, anticipe une hausse de surface sur l’UE de 2,9 % – un peu inférieure aux premières estimations et, peut-être, un peu frileuse.

Deuxièmement, la pression de la jaunisse s’annonce majeure sur la campagne, selon le centre technique britannique. Le rendement moyen de référence ne pourra pas donc se calculer sans intégrer l’année noire de 2020 !

Et, troisièmement, l’annonce que le Parlement européen devra défendre en trilogue une réduction de 100 000 tonnes du contingent de sucre que l’on pourrait importer d’Ukraine sur la prochaine campagne contracte encore le bilan prévisionnel.

Résultat : S&P estime que le sucre, sur le marché spot, a gagné 40 €/t sur la dernière semaine : faut-il y voir l’amorce d’un nouvel équilibre ?