Le groupe Avril, avec un chiffre d’affaires de 7,7 milliards d’euros (-2 %) et un Ebitda de 370 M€ (+ 8 %), a particulièrement bien résisté dans un contexte géopolitique instable. « Les résultats sont au rendez-vous, notre modèle est résilient », a déclaré le président du conseil d’administration, Arnaud Rousseau, lors de la présentation des résultats d’Avril le 16 avril dernier. Le 5e groupe agroalimentaire français, spécialiste des oléagineux et des protéagineux, a investi 500 M€ en 2024, dont 320 M€ en France. « On reste un groupe ancré en France », assure Arnaud Rousseau.
L’année 2024 a été marquée par des acquisitions dans la nutrition animale, avec le rachat des activités élevage de Soufflet et d’Axeréal, mais c’est surtout le rachat des outils de la société Metex qui a fait couler beaucoup d’encre. En effet, cette entreprise était la dernière entreprise européenne de production d’acides aminés de fermentation.
La société Metex était en grande difficulté financière. Elle avait perdu 70 millions d’euros en deux ans. Afin de préserver la souveraineté alimentaire européenne, Avril a choisi de reprendre le site de production d’Amiens, une usine imposante de 46 hectares, et le centre de recherche de Saint-Beauzire dans le Puy-de-Dôme. La nouvelle entité a été rebaptisée Eurolysine.
« Si l’usine d’Amiens avait disparu, tous les acides aminés auraient été importés de Chine, explique Jean-Philippe Puig, gérant d’Avril SCA. Les Chinois ont cassé les prix en dessous de leur prix de revient, ce qui a conduit à la banqueroute de Metex. Une plainte a été déposée en Europe, qui a été acceptée en janvier 2025 pour imposer des taxes aux produits chinois. On va enfin pouvoir vendre le produit à un prix de marché, cela change la donne. »
Contrats avec les sucriers
Le sucre et l’énergie représentent 70 % des coûts de production de la lysine. « Avant de nous lancer, nous avons passé des contrats à long terme avec les sucriers. Concernant l’énergie, nous avons un peu plus de compétences que nos prédécesseurs, puisque nous sommes aussi vendeurs d’énergie. Nous sommes dans un système positif, poursuit Jean-Philippe Puig. Avril va investir 130 millions d’euros dans Eurolysine. Notre plan est simple : moderniser et retrouver des capacités de production, car le produit est attendu par le marché. On a déjà embauché plus de 50 personnes. »
« Si l’usine d’Amiens avait disparu, tous les acides aminés auraient été importés de Chine »
Jean-Philippe Puig, gérant d’Avril SCA