Le système Duaferti se compose d’un enrouleur et de deux chariots de rampe à pendillards amovibles, de 6 à 9 mètres de large, montés sur le relevage avant du tracteur, explique Hugues Colas, coordinateur des chantiers d’épandage liquides chez MDM, prestataire de travaux agricoles dans la Marne. Cette configuration permet d’épandre sur une largeur de 28 à 36 mètres. Le tracteur roule dans les passages de roues du pulvérisateur sans tasser le reste de la parcelle et effectue un aller-retour pour effectuer l’épandage en deux temps. Pour un épandage au-delà de 36 m, le tassement peut être limité grâce au télégonflage et à l’utilisation de pneus larges.

Selon les caractéristiques intrinsèques du produit organique liquide, notamment sa densité, le débit de chantier peut varier de 40 m3/h pour un digestat à 130 m3/h pour un lisier et la vitesse d’avancement osciller entre 0,5 et 5 km/h. « Grâce aux pendillards, espacés tous les 20 cm, l’engrais organique liquide est réparti de façon homogène », souligne Hugues Colas. Épandu à une trentaine de centimètres au-dessus de la végétation, le produit est rapidement déposé au sol. Le risque de pertes par volatilisation est quasiment nul. « Actuellement, nous réalisons des épandages sur du colza en végétation, du blé, du maïs, etc. en un ou plusieurs passages », indique Hugues Colas. Pour réaliser un épandage de qualité, il convient d’intervenir sur un sol ressuyé et lorsque les conditions météo sont clémentes, idéalement avec une pluie dans les jours qui suivent pour favoriser la minéralisation.

Une logistique à coordonner

Mais ce système nécessite de l’anticipation afin d’optimiser le chantier d’épandage. « Avant de nous rendre sur une parcelle, nous vérifions que les camions puissent y accéder et effectuer un demi-tour à proximité et qu’il est possible d’y installer le caisson de stockage », explique Hugues Cola. À titre d’exemple, lorsque l’approvisionnement du produit organique se situe à une quinzaine de km du chantier d’épandage, une flotte de quatre camions est alors nécessaire pour ravitailler en continu le caisson. Celui-ci a une capacité de 70 m3, l’équivalent de deux citernes complètes. La configuration de ce type de chantier exige également deux chauffeurs supplémentaires : l’un pour piloter la rampe au champ et l’autre pour gérer le remplissage du caisson.

La rentabilité du système dépend de la concentration et de la distance

Témoignage de Benjamin Courot, producteur de céréales, betteraves, pommes de terre, oignons et chanvre à Malmy (Marne).

« En sortie d’hiver, sur mes blés semés en sol de craie, je fais épandre du digestat que je fais analyser au préalable pour en connaître la composition. J’adapte la dose en fonction de la teneur en azote, sachant que l’objectif est d’en apporter 80 unités par hectare. Je complète ensuite avec de la solution azotée à hauteur des quantités déterminées par le plan de fumure. À noter que, grâce au digestat, je peux m’affranchir d’un apport de soufre, le produit organique contenant suffisamment d’éléments minéraux pour faciliter l’assimilation de l’azote. Le digestat est épandu par un prestataire qui utilise le système d’épandage sans tonne Duaferti. Le coût du chantier complet, clé en main, varie selon la distance entre la fosse et la parcelle et donc de la logistique à mettre en place. Il convient également d’ajouter le coût produit organique. Selon les années, j’ai calculé un coût de revient de 1 à 2 euros l’unité d’azote, rendu racine. L’opération n’est pas toujours économiquement rentable par rapport à une fertilisation minérale, tout dépend de la concentration en azote du digestat. Toutefois, cette pratique m’apporte d’autres bénéfices agronomiques, difficilement quantifiables. Je constate, par exemple, une meilleure dynamique de croissance de la culture et des plantes plus robustes. Ceci est peut-être à mettre en lien avec la potasse qui renforce les tissus cellulaires ».