À partir du 1er juillet 2025, de nouveaux droits de douane frapperont les engrais azotés russes et biélorusses. Dans un communiqué du 27 juin, l’AGPB s’inquiète de cette décision qui « risque de faire exploser les charges des producteurs de grandes cultures, déjà sous pression ». Elle appelle à des mesures urgentes et propose de mettre en place les solutions suivantes : suppression immédiate des droits de douane sur les engrais provenant de pays tiers pour permettre une diversification des approvisionnements, activation rapide des mesures de sauvegarde promises par la Commission européenne et déploiement d’une stratégie européenne de souveraineté agricole, en reconnaissant le rôle stratégique des céréales. Par ailleurs, elle demande plus de cohérence dans les politiques européennes, en incluant les enjeux environnementaux, énergétiques et commerciaux (cadmium, taxation anti-dumping, mécanisme carbone aux frontières…). Dans un contexte de tension sur les marchés et de dépendance énergétique persistante, l’AGPB rappelle que les engrais représentent la première charge opérationnelle des exploitations de grandes cultures.
Les producteurs d’engrais satisfaits
De son côté, l’Union des industries de la fertilisation se réjouit de cette mesure, qui devrait faire chuter les achats d’engrais russe et la protéger de la concurrence russe qu’elle juge déloyale. Elle affirme que les fabricants européens pourront rapidement augmenter leur production pour remplacer les importations russes. « Selon notre association européenne Fertilizers Europe, 20 à 30 % des capacités de production de nos sites en Europe sont à l’arrêt », a souligné Delphine Guey, présidente sortante de l’Unifa à l’occasion de l’assemblée générale de l’organisation le 18 juin. Par ailleurs, elle précise que le surcoût de l’urée lié à cette taxe ne sera que de « 5 à 10 dollars la tonne » et « sera limité dans un temps assez court et dû uniquement à la réorganisation de la logistique ».
« Si les Russes sont un peu bloqués pour l’Europe, ils vont passer par où ? Par l’Inde, qui va elle-même passer par l’Égypte puis par l’Algérie. On connaît très bien cette logique de marché », explique Delphine Guey. La Russie peut donc contourner les sanctions politiques en passant par d’autres pays. On peut également avoir la même réflexion sur l’origine du gaz qui a fait l’objet d’une réorientation au début de la guerre. Mais la Russie peut passer par d’autres pays pour vendre son gaz. Sans vigilance sur ce point, nous pouvons donc arriver à une situation où les Européens continuent à acheter des engrais et du gaz russe, même si cette information n’est pas visible, en payant un surcoût lié au passage par un autre pays.