Le 16 juillet dernier, la Commission européenne a décidé de mettre sur la table une double proposition de forte réduction budgétaire pour la prochaine PAC, assortie à une redistribution radicale des aides cumulant à la fois une dégressivité des soutiens dès 20 000 €, et leur plafonnement à 100 000 €.
Le think tank Farm Europe a sorti sa calculette et révèle que « les taux de dégressivité et de plafonnement pour l’aide de base au revenu ciblent de plein fouet les agriculteurs qui sont, aujourd’hui, le socle de la production européenne. Plus de la moitié de la surface agricole utile de l’UE serait affectée par la réduction des aides ; ce chiffre grimpe à deux tiers, dès lors que l’on exclut les exploitations considérées comme les plus petites (moins de 5 000 € d’aides) ».
Pour la France « c’est le modèle agricole même du pays qui serait remis en cause, estime Farm Europe. En France, plus de 50 % des agriculteurs percevant plus de 5 000 € par an seraient concernés par une réduction de l’aide, ceux-ci représentant 73 % de la surface agricole totale française. »
On peut citer par exemple le cas des 15 700 exploitations, qui touchent plus de 50 000 € d’aides découplées sans dépasser le seuil de 100 000 € et qui perdraient en moyenne 28 000 € !
Pour le think tank, cette proposition « semble plus dictée par un souci d’économie qu’une réelle volonté d’équité ou une vision d’avenir du secteur. » De fait, les économies réalisées sont énormes : le barème de dégressivité des aides découplées, imaginé par la Commission européenne pour l’après 2028, réduirait leurs montants de 4,56 milliards d’euros pour la totalité des pays de l’UE. En France, le manque à gagner serait de 960 M€ !
Ces chiffres feront sûrement l’objet d’âpres débats dans les semaines à venir.