De la Sibérie en Russie à Ottawa au Canada, les moissons s’achèvent dans l’opulence, sans pour autant faire le bonheur des céréaliers. En Russie, les excellents rendements de blé de printemps portent dorénavant la production fédérale à 87,2 Mt (versus 82,6 Mt en 2024), relate le site Sevecon.ru. Au canada, 36,6 Mt seraient engrangées (+1,4 Mt versus août dernier), selon le Conseil international des céréales (CIC).
Mais dans son dernier rapport, ce dernier a révisé à la baisse la production de maïs en Union européenne (56,5 Mt ; – 4,5 Mt comparées à 2023-2024) alors que FranceAgriMer table dorénavant sur une production française de 12,5 Mt, les rendements n’excédant pas 85,5 q/ha (- 13,5 % sur un an). Pour autant, ces dernières prévisions seront probablement amenées à être réajustées, compte tenu de la faiblesse de la récolte engrangée dans le Sud-Ouest notamment.
L’hémisphère sud est aussi parti pour produire des céréales en grandes quantités durant le prochain été austral. « À la suite de l’amélioration continue des conditions culturales constatées en Australie ces derniers mois, les prévisions pour le blé sont relevées de 3,3 Mt, à 33,8 Mt », mentionne le CIC. En Argentine, la récolte est dorénavant estimée à 20,2 Mt (+9 % sur un an). Tout au long de la campagne 2025-2026, des records de productions seront battus et dépassés : 818 Mt pour le blé (+ 18 Mt); 148,5 Mt pour les orges (+ 5Mt). Et le CIC confirme une récolte de maïs de 1 298 Mt (+ 60 Mt) grâce notamment la contribution exceptionnelle des États-Unis (424 Mt ; + 47 Mt).
Toutes céréales confondues, la production mondiale de grains croîtra de près de 87 Mt (+3,7 %) et atteindra 2 412 Mt (+ 3,7 %) alors que les échanges commerciaux (458 Mt) demeureront inférieurs à 2023-2024 de 30 Mt.
Sur les marchés, les opérateurs n’ont que l’embarras du choix pour faire leurs emplettes. En France, les cours des trois principales céréales pivotent autour de 180 € la tonne. La semaine dernière, le blé est même passé sous ce seuil.
La qualité ne paie pas
L’effet de ciseaux observé depuis deux ans, généré par des cours en baisse et des prix d’intrants toujours aussi chers à l’achat, ruine tous les céréaliers. À 155 € la tonne de blé sortie ferme, ils vendent leurs récoltes à pertes. Les fertilisants azotés et potassiques sont moitié plus chers qu’en 2019, avant la pandémie de la Covid, et les engrais phosphatés sont presque deux fois plus élevés.
La qualité ne paie pas. Tout juste suffit-elle à rendre la céréale en lice pour être consommée ou exportable.
Selon FranceAgriMer, 93 % du blé tendre engrangé est classé prémium (17 %) ou supérieur (47 %) contre 49 % l’an passé. La céréale se caractérise par un poids spécifique moyen de 78 kg/hl et un taux d’humidité de 12,6 %. Par ailleurs, l’indice de chute d’Hagberg de 90 % de la collecte est supérieur à 300 s (98 % supérieur à 250 s).
Le prix auquel est commercialisé le blé dur (260 €/t ; – 30 €/t depuis le début de l’été) est aussi très faible au regard de sa production mondiale juste suffisante et de sa qualité : poids spécifique moyen de 79,2 kg/hl et taux de protéines de 13,8 %. Seul 1,6 % des grains est germé ou moucheté et le taux de vitrosité est de 91 %. En UE, sur les 277 Mt de grains produites, 45 Mt de céréales seront destinées à l’export, dont 29,8 Mt de blé et 10,1 Mt d’orges. Les importations n’excéderont pas 26 Mt, dont 3,5 Mt de blé, 2,22 Mt de blé dur et 19 Mt de maïs.
En France, 14,3 Mt de blé seraient susceptibles d’être commercées en UE (6,8 Mt) et vers des pays tiers (7,5 Mt), selon FranceAgriMer. De même, 5,6 Mt d’orges seraient expédiées à parts égales entres les Vingt-sept et hors de nos frontières européennes auxquelles s’ajoute l’équivalent 1,5 Mt de grains sous forme de malt. Les exportations de maïs (5,2 Mt) approvisionneront essentiellement le marché européen (4,7 Mt). Enfin, la moitié de la production de blé dur récolté sera commercialisée (0,65 Mt) hors de nos frontières.