Cette année, la pression jaunisse a été suffisamment marquée pour évaluer les stratégies insecticides. La référence consistait en une première application de Teppeki, suivie de trois applications de Movento, espacées de 10 à 15 jours en fonction des observations de pucerons. Le Teppeki protège les feuilles déjà formées, tandis que le Movento agit également sur les feuilles émergentes. Cette modalité a permis de limiter l’incidence de la jaunisse à seulement 2 %, avec des foyers diffus sans impact significatif sur le rendement. « Une variante sans la première application de Teppeki a donné des résultats similaires, ce qui suggère que les contaminations de 2025 sont survenues tardivement, les premiers pucerons arrivés fin avril étant probablement peu virulifères », explique Justine Lefevre, technicienne d’expérimentation à l’ITB. Même avec cette contamination tardive, la protection aphicide reste une référence efficace mais il faut garder à l’esprit que le renouvellement de la dérogation Movento n’est pas encore acquis au niveau européen.

Les leviers de biocontrôle : l’expérience des médiateurs chimiques

Pour la première fois, le produit Insor GR A, de la société Agriodor, a été testé sous une pression de jaunisse significative. Il s’agit de granulés créant un nuage olfactif qui repousse les pucerons. Agriodor appliqué seul a permis de réduire l’incidence de la jaunisse de 30 % à 8 % sur le dispositif expérimental d’Aubeterre. Son association à une protection insecticide complète n’a cependant pas montré de bénéfice supplémentaire significatif, l’écart entre 2 % et 1 % n’étant pas notable. Ce résultat, bien que prometteur, nécessite une consolidation sur plusieurs années, et le coût du produit, d’environ 70 euros par hectare, doit être pris en compte.

Les leviers agronomiques et variétaux : enseignements du projet AGIR

Le projet AGIR a évalué deux approches non chimiques. D’abord, les plantes compagnes, avec un semis d’avoine rude simultané à la betterave. Sur les variétés les plus sensibles, une réduction visible des symptômes de jaunisse a été observée. « Il est cependant crucial de détruire l’avoine au stade quatre feuilles de la betterave ; une destruction tardive entraîne une compétition hydrique et nutritive préjudiciable, pouvant réduire le rendement jusqu’à 20 %. », alerte Audrey Fabarez, coordinatrice des FPE du PNRI-C à l’ITB. En cinq ans d’essais, cette technique a permis en moyenne de réduire de 30 % les symptômes, ce qui en fait le levier alternatif le plus éprouvé à ce jour.

Ensuite, l’appétence variétale a été testée avec trois variétés, dont une témoin très appétante et deux moins appétentes. Les observations confirment que les pucerons s’alimentent moins sur les variétés B et C, entraînant moins de symptômes. La variété B a présenté le moins de jaunisse, la variété C un niveau intermédiaire, et la variété témoin le plus élevé. Ce levier est très prometteur mais reste à confirmer sur plusieurs essais nationaux avant toute communication sur le nom des variétés.

Comme le souligne Maxime Allart, responsable régional : « chaque année est différente : la pression initiale et la typologie des virus varient, ce qui rend la gestion complexe. » La combinaison de plusieurs leviers à efficacité partielle permettra éventuellement de sécuriser la production de betteraves.

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Pour continuer à découvrir les innovations et observer les essais sur le terrain, rendez-vous le 8 octobre 2025, de 9h30 à 12h, au Campus agro-environnemental 62 à Tilloy-lès-Mofflaines, dans le Nord-Pas-de-Calais. Pour toute information, contactez itb59@​itbfr.org.