Quasiment décarbonée, la filière « Luzerne de France » traverse la crise énergétique sans encombre. Les 24 sites de déshydratation et leurs 1 500 salariés sont parvenus à produire 750 000 t de fourrages déshydratés en 2022. La biomasse employée comme combustible a quasiment remplacé l’utilisation de l’énergie fossile. Par ailleurs, la culture de la luzerne bénéficie d’un regain d’intérêt : 70 000 hectares ont été fauchés l’an passé, soit 10 000 ha de plus qu’en 2012.

Lorsque les agriculteurs français feront leur déclaration PAC, mentionner une culture de luzerne dans un assolement est un bon levier pour percevoir l’intégralité des aides du 1er pilier. Durant les années 2023-2027, celle-ci bénéficie d’une aide couplée de 105 € à 140 € par hectare, à laquelle s’ajoute l’aide Ecorégime de niveau 1 (60 €/ha), de niveau 2 (82 €/ha) ou bio (environ 112 €/ha).

En effet, la plante contribue à diversifier l’assolement des exploitations. Une superficie de 5 ha de luzerne, ou au moins équivalente à 5 % de la surface de terres arables, permet de comptabiliser 2 points en plus des 4 acquis avec un assolement classique combinant par exemple des céréales, des oléagineux et des plantes sarclées. Si 10 % de la surface arable est plantée de luzerne, 3 points sont gagnables.

Enfin, les exploitations qui implantent au moins 4 % de luzerne réduisent de 25 % leur obligation de jachère de 4 % (qui devient 3 %) de la surface en terres arables.

La culture de luzerne booste les résultats économiques des exploitations agricoles qui ont introduit la légumineuse dans leur assolement. Une étude réalisée en champagne crayeuse sur 450 exploitations montre que la marge nette des exploitations céréalières et betteravières avec 9 à 15 % de la SAU en luzerne est supérieure à celle des exploitations avec moins de 9 % de luzerne. Ce gain de 42 €/ha en 2015-2019 a augmenté de 9 €/ha en quatre ans !

Faire de la luzerne permet d’économiser des engrais azotés devenus très chers et de profiter de l’augmentation des cours des céréales produites en plus, grâce aux atouts agronomiques apportés par cette légumineuse.