Cinq annonces de fermetures d’usines en six mois ! Cette série noire a commencé par l’annonce, le 10 janvier dernier, de la fermeture définitive de la sucrerie Ouvré fils de Souppes-sur-Loing, qui a fait face à d’importants problèmes techniques. Cette société familiale mono usine n’a pas pu surmonter les lourdes conséquences financières qui en ont résulté. Heureusement, tous les agriculteurs qui le souhaitaient ont pu continuer la culture de la betterave.

Puis le groupe allemand Südzucker a annoncé, le 12 mars, la fermeture de deux usines dans sa filiale Agrana (Leopoldsdorf en Autriche et Hrusovany en République tchèque).

Enfin, le 27 mai, c’est au tour du sucrier espagnol Azucarera d’annoncer la fermeture de deux sucreries. La sucrerie de betteraves de La Bañeza (León) ferme totalement et la sucrerie Miranda de Ebro (Burgos) ne gardera que l’activité de raffinage.

Hausse des coûts de production

Agrana justifie cette décision par « la hausse des coûts de production, l’intensification de la concurrence due à la baisse de la consommation de sucre dans l’UE, la libéralisation du marché (accord Mercosur, importations de sucre en provenance d’Ukraine), et les exigences réglementaires qui ont rendu économiquement non viable la poursuite de la production sur deux sites ». Un cocktail néfaste qui est avancé à chaque fois par les industriels pour expliquer les fermetures de sucreries.

En Espagne, les deux fermetures représentent l’équivalent de 33 % de la capacité espagnole de sucre, soit environ 100 000 tonnes. Un volume qui pourra potentiellement être approvisionné par du sucre français, qui représente soit le tiers du sucre consommé en Espagne, soit environ 500 000 tonnes.

20 sucreries fermées depuis 2017

Avec ces 5 nouvelles fermetures, l’Union européenne a donc perdu 20 sucreries depuis la fin des quotas en 2017 ! La France est le pays qui a été le plus affecté avec 6 sucreries fermées depuis 2017. Les autres pays touchés sont : l’Allemagne, l’Espagne, la Croatie, l’Italie, la Roumanie, l’Autriche, la République tchèque et la Pologne. Aujourd’hui, il n’y a plus que 83 sucreries en Europe, soit deux fois moins qu’en 2000.

L’ambition de devenir un exportateur de sucre après la libéralisation du marché ne s’est donc pas concrétisée. L’UE est même devenue importatrice de sucre ! Les divers accords commerciaux bilatéraux ont donné des contingents d’importation de sucre sans droits de douane, ce qui a contribué à faire baisser les prix du sucre européen depuis l’automne 2024.

Malgré des prix du sucre européens supérieurs à 500 €/t, nombre de sucreries ne couvrent pas leur coût de production agricole et industriel.

La possible signature de l’accord UE-Mercosur, la perte de molécules pour protéger les rendements betteraviers, l’alourdissement des contraintes environnementales sur les sucreries, notamment l’atteinte de la neutralité carbone en 2050, pourraient encore conduire à des fermetures d’usines.

Interrogé sur ce sujet le 10 juin, à l’occasion de la conférence de presse annuelle de Cristal Union, son président Olivier de Bohan estime que 8 à 10 sucreries sont en danger en Europe, mais que les sucreries de Cristal Union ne sont pas concernées.