Avec un rendement racine moyen de 80 t/ha, la sucrerie de Cristal Union à Fontaine-le-Dun affiche de bons résultats par rapport à la moyenne nationale (76,2 t/ha). Mais lors de la conférence annuelle de la CGB Seine-Maritime, Benoît Carton, directeur régional de la CGB, n’a pas manqué de rappeler que la campagne 2024-2025 en Normandie a été très mitigée avec des niveaux de rendement qui varient de 60 t/ha à 100 t/ha. Et Reynald Freger, le président, de préciser : « Remarquons que la richesse en sucre a été moins impactée en Seine-Maritime que dans le département voisin de l’Eure, habitué à des teneurs en sucre plus élevées. Cela s’explique principalement par des problématiques sanitaires plus prononcés sur la zone d’approvisionnement du site d’Étrépagny ». En termes comptables, tandis que Fontaine-le-Dun enregistre un rendement moyen à 16° de 86,7 t/ha, le site d’Étrépagny n’est qu’à 76,8 t/ha, soit un delta de 10 tonnes/ha !

Des records de durée de campagne

Que ce soit en Seine-Maritime ou dans l’Eure, les usines affichent des durées de campagne records pour cette campagne 2024. Pour une moyenne nationale de 125 jours, Étrépagny enregistre une durée de campagne de 139 jours et Fontaine-Le-Dun, 156 jours. Sur ce point, le syndicat betteravier, CGB Normandie veille à ce que les industriels accompagnent avec cohérence les planteurs devant livrer leurs betteraves en promptes livraisons (dès le 5 sept à FLD) afin de couvrir le manque à gagner sur les livraisons anticipées de septembre ou encore de compenser les pertes en sucre sur les livraisons tardives (post 15 décembre jusqu’à début février). « En Seine-Maritime, lors de la campagne 2024-2025, des betteraves arrachées en novembre et livrées en février ont pu cumuler jusqu’à 600 degré-jour ; d’où l’importance de pouvoir décaler ses arrachages pour les MAD de janvier afin de limiter les pertes en stockage », illustre Benoît Carton.

Un bon potentiel mais gare à la cercosporiose

Pour la campagne 2025, les surfaces de betteraves sont attendues en baisse de 13,5 % pour le secteur d’Étrépagny et de 1,5 % pour le site de Fontaine-le-Dun. Le potentiel est bon à ce jour. Les problématiques pucerons ont été bien gérées. Mais l’attention se focalise déjà sur la cercosporiose, maladie fungique de la betterave. Jusqu’alors nous étions relativement épargnés, mais depuis 3 ans, cette maladie foliaire est désormais bien présente avec des pressions plus ou moins fortes selon les années. Au 26 juin,15 à 20 % des parcelles de la région étaient touchées, les premiers traitements seront déclenchés la dernière semaine de juin. Comme pour les réserves à pucerons, Reynald Freger encourage des mesures prophylactiques, et insiste sur la nécessité d’avoir une gestion rigoureuse des cordons de déterrage…déchets de betteraves…pour limiter toute prolifération de spores.

La représentation syndicale sur le département reste fortement mobilisée pour défendre la filière face aux multiples défis économiques et politiques. « Face à la méconnaissance des dossiers, nos mobilisations auprès des députés, de l’administration jusqu’au préfet de Région semblent avoir été payantes », se félicite le président. Les importations ukrainiennes de sucre à droit nul et l’accord UE-Mercosur restent au cœur des préoccupations. Enfin, la CGB Seine-Maritime travaille sur le renouvellement des générations par la mise en place d’un groupe de jeunes betteraviers en formation depuis 18 mois sur l’ensemble des dossiers de la filière betterave-sucre-ethanol ; « dès cette AG, nous vous proposons la cooptation de 5 nouveaux membres émanant de ce groupe de jeunes pour intégrer les bancs de notre conseil d’administration CGB 76 », a conclu le président Freger.