Le dernier rapport de l’USDA confirme la domination des États-Unis sur le marché mondial du maïs. Le 12 septembre dernier, l’institut américain a relevé de 2 Mt sa production (427 Mt) après une hausse de près de 50 Mt annoncée l’été dernier. Aussi, les États-Unis exporteront jusqu’à 75 Mt de grains cette campagne-ci (+ 4 Mt sur un an) sur les 200 Mt, qui seront alors commercées dans le monde.
Pour autant, ces ventes n’éviteront pas une forte remontée des stocks de report étasuniens. Ils croîtraient de 20 Mt pour atteindre un niveau record de 54 Mt environ. Aux États-Unis, le marché intérieur en expansion (332 Mt ; +15 Mt) est cependant incapable de consommer tous ces excédents.
En fait, la campagne de commercialisation manque de vigueur depuis le début de l’été. La faible demande mondiale de grains, combinée à une offre pléthorique, explique la baisse continue des prix.
À Bordeaux et à Rouen, les cours des céréales ont diminué de près de 10 € par tonne ces trois dernières semaines. Ces reculs s’ajoutent aux replis constatés depuis le mois d’août dernier et accentués par la parité Euro-dollar. Sur le marché du blé à Rouen, la tonne de blé frôlait alors le seuil de 200 €.
En Australie, la production de blé déjà estimée à près de 34 Mt par ABARES (l’équivalent de l’USDA aux États-Unis), augure d’ores et déjà une seconde partie de campagne de commercialisation très bien approvisionnée et concurrentielle.
Or la Russie n’aurait exporté que 6,6 Mt de blé en juillet et août derniers contre 9,9 Mt l’an passé, selon Sovecon.ru. L’Égypte, un de ses meilleurs clients, ne lui en a acheté qu’1,1 Mt. Au train où vont les affaires, l’ex-empire des tsars expédiera à peine plus de grains cette campagne-ci que la précédente (45 Mt ; +2 Mt sur un an) bien qu’il s’approvisionne en pillant les terroirs ukrainiens occupés.
L’Ukraine peine aussi à écouler sa récolte, rapporte Ukragroconsult. Seules 3,43 Mt ont été exportées depuis le mois de juillet dernier, soit 1,25 Mt de moins que l’année précédente. De même, 0,89 Mt de maïs (-1,61 Mt sur un an) et 0,685 Mt d’orges ont été expédiées vers des pays tiers.
La parité de l’Euro pèse sur les transactions
En Union européenne (UE), la concurrence internationale et la parité de l’Euro pèsent sur les transactions. Seules 3,2 Mt de blé ont été exportées en deux mois (-1,8 Mt sur un an) mais 1,7 Mt d’orges ont été vendues (+ 230 000 t).
En ayant acheté près de 500 000 tonnes de blé et plus de 340 000 t d’orges, l’Arabie s’est hissée en tête des clients européens, le Nigéria mais aussi le Maroc et la Jordanie ayant fait quelque peu défection. Mais l’UE compte de nouveaux partenaires commerciaux importants : l’Afrique du Sud (187 000 t) sur le marché du blé et, l’Iran, la Turquie et le Liban sur celui de l’orge.
Depuis le début du mois de juillet, plus de 2 Mt de maïs ont déjà été importées en UE par l’Espagne, l’Italie et le Portugal notamment (1,2 Mt à eux trois). Les grains proviennent d’Ukraine (645 000 t), des États-Unis (308 000 t) et surtout du Brésil (825 000 t). Ce dernier plafonne à l’export (42 Mt) bien qu’il récolte toujours plus de maïs. Mais sa production d’éthanol privilégie dorénavant la céréale aux dépens de la canne à sucre. La campagne passée, 18,3 Mt de maïs (ou environ 15 % de la production du pays) ont été transformées en alcool (+ 85 % depuis 2022-2023).
Selon l’UNEM, l’association de l’industrie de l’éthanol à base de maïs, l’éthanol de maïs représente actuellement 23 % de la production brésilienne d’éthanol. « En 2025-2026, elle atteindra le tiers puis 40 % au cours de la prochaine décennie », rapporte Ukragoconsult. Cette expansion est portée par un taux d’incorporation récemment augmenté et par des coûts de transformation très faibles.
D’ici 2032, 36 Mt de maïs seront transformées chaque année en 16 milliards de litres d’alcool. Autant de grains qui ne concurrenceront plus les autres origines sur le marché de l’export.
Frédéric Hénin