Quel bilan de la campagne pouvez-vous déjà tirer ?

Les rendements de maïs grain sont en dessous de la moyenne pluriannuelle, de l’ordre de 5 %, et en recul de 10 % par rapport à l’année dernière. De nombreuses disparités sont observées, notamment entre le maïs pluvial, où se concentrent les marges négatives, et le maïs irrigué. Nous avons un vrai problème au niveau des écarts entre les prix de vente, les prix de marché et les charges. Ces dernières ont baissé, mais pas encore suffisamment.

Quelles sont vos ambitions pour la filière maïs ?

Pour maintenir une filière qui pèse et alimente les marchés, nous visons les 3 Mha. Nous nous battons pour retrouver le niveau de surfaces que nous avions il y a 10 ans, avant de perdre progressivement quelque 500 000 hectares. Pour cela, il nous faut de la rentabilité, et pouvoir protéger les agriculteurs face à la concurrence déloyale, venant notamment des échanges internationaux. La France doit ainsi jouer son rôle pour s’opposer à l’accord avec le Mercosur et le président Macron doit tenir l’engagement qu’il a pris auprès des agriculteurs français. Nous attendons aussi beaucoup du Parlement européen qui, à travers différents votes, peut s’opposer à cet accord, en saisissant notamment la Cour de justice de l’UE. Nous sommes également très mobilisés sur l’enjeu brûlant du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) qui impactera durement les producteurs. La France doit décaler sa mise en œuvre prévue au 1er janvier 2026 et trouver un dispositif exonérant les engrais azotés. La volonté politique ne suffit pas ; nous attendons des actes concrets. Par ailleurs, nous insistons sur le besoin de davantage anticiper, de manière collective, avec les organisations spécialisées de la FNSEA et notre organisation européenne, la CEPM, les futures contraintes qui pourraient peser sur nous (gestion des risques climatiques, innovation, protection des marchés, etc). Cela prendra la forme de partage d’informations et d’organisation d’actions communes, à Paris et Bruxelles.

Vous êtes également très attentifs à ce qui concerne l’Ukraine…

Nous avons mandaté une étude pour mesurer l’impact d’une possible arrivée de l’Ukraine dans le marché européen. Celle-ci montre que les coûts de production ukrainiens sont deux fois moins élevés que ceux en France (97 €/t contre 200 €/t). Les producteurs ukrainiens ont aussi accès à des produits phytosanitaires qui nous sont interdits. Pour éviter toute submersion, l’UE devra mettre en place des outils de correction. En effet, en cas d’arrêt de la guerre et de maintien de l’intégrité du pays, la capacité de production et de croissance ukrainienne pour le maïs serait équivalente à la production française actuelle. Nous serons très vigilants à ce sujet : le soutien, nécessaire, à ce grand pays agricole ne saurait se traduire par une mise en concurrence déséquilibrée des producteurs de maïs français et européens. Cette étude doit nous permettre d’argumenter auprès des décideurs politiques que nous ne pouvons pas accueillir l’Ukraine sans mesures protégeant les producteurs européens.