Nous avons beaucoup progressé dans les couverts grâce à la recherche variétale. Et ce pour répondre aux nombreuses attentes, qui diffèrent selon les agriculteurs. « Il faut réfléchir son couvert en fonction des objectifs. En techniques d’agriculture de conservation des sols (ACS), les agriculteurs veulent des couverts avec beaucoup de biomasse, à implanter juste derrière la moisson. Il est vraiment impératif d’avoir des variétés très tardives, souvent plus onéreuses. Cela évite des floraisons, des montées à graines et des lignifications trop rapides », conseille David Boucher, agronome du groupe Carré.

De même, il faut prévoir son couvert en fonction de la méthode de destruction. Le radis chinois se détruit facilement en coupant le collet. Le radis fourrager dispose d’un collet beaucoup plus bas. Il produit beaucoup de matière sèche, notamment dans le sol, mais s’avère très difficile à détruire mécaniquement sans labour. En ACS, il faudra utiliser un traitement au glyphosate et une hormone 2,4-D pour sa destruction. Autre exemple, la vesce commune a un intérêt en cas de labour après le 15 novembre. Sinon, il est préférable d’utiliser la vesce velue.

« Nous travaillons aussi sur des couverts spécifiques utilisables en alimentation des ovins (vesces velues et vesce pourpre, trèfle d’Alexandrie, un peu d’avoine rude et du radis chinois). Nous répondons aussi aux demandes des chasseurs ou des méthaniseurs », ajoute l’agronome.

Autre exemple d’adaptation : le couvert destiné au semis à la volée avant moisson, Chlorofiltre Jet. À implanter quelques jours avant la moisson, il est composé de vesce velue et de radis fourrager. La graine de radis est enrobée pour faciliter le semis. Ce mélange produit beaucoup de biomasse. Au lycée Paraclet dans la Somme, il atteint 3,2 t de MS qui est semé avec un semoir à disque le 22 août. Soit un stockage carbone d’une demi-tonne par hectare selon la méthode MERCI.

« Nous développons aussi l’autonomie azotée, avec des couverts comme le Nitro 2, essentiellement composés de 93 % de légumineuses (vesce Narbonne, vesce velue hiver, trèfle incarnat, fenugrec et mélilot) et 7 % de phacélie. Le Nitro 2 peut stocker 60 unités d’azote, dont 25 restitués à la culture. Soit un gain financier de plus de 30 €. Et la lumière produisant de la photosynthèse n’est pas encore taxée… », déclare David Boucher.

Enfin, il faut veiller à ne pas surcharger les couverts en crucifères pour la pérennité de la culture du colza. De la hernie des crucifères a été détectée dans l’Oise cette année. Il faut aussi rester prudent sur les résultats obtenus. Un couvert se comporte différemment selon les conditions pédo-climatiques.