À en juger les nombreux messages sur Twitter ces derniers jours, les prix d’acompte annoncés par les trois principaux groupes sucriers le 31 mars ont suscité de vives réactions chez les planteurs. « C’est la stupeur et l’incompréhension qui prédominent chez les agriculteurs face à des versements en repli a minima de 500 €/ha », indique la CGB dans un communiqué du 2 avril. Selon le syndicat, ce chiffre de 500 €/ha est la résultante d’un rendement 2018 en baisse (82 t/ha à 16 °S contre 89,8 t/ha pour la moyenne des 5 dernières années), mais surtout de prix d’acompte en fort retrait dans les trois groupes sucriers.

« Au-delà de la crise sans précédent que traverse le marché du sucre, c’est le révélateur de pratiques contractuelles qui doivent être revues pour permettre aux agriculteurs (…) de continuer à cultiver de la betterave en confiance avec leur groupe sucrier », pointe la CGB. Pour le syndicat, « l’urgence porte sur la trésorerie des exploitations. Au-delà, se pose la question des leviers pour une contractualisation plus robuste et de l’utilité d’un véritable contrat type bâti et reconnu au niveau interprofessionnel ».

« La capacité de résistance de la filière est atteinte », selon la CGB

Les situations sont différentes selon les principaux groupes sucriers, mais suscitent de vifs mécontentements de la part de la CGB. « Saint Louis Sucre, sans jamais ouvrir la porte à une négociation réelle avec les planteurs, annonce des conditions de rémunération inacceptables faisant des agriculteurs la principale variable d’ajustement. Cela cristallise encore les difficultés liées au projet de fermeture sauvage des deux sucreries de Cagny et d’Eppeville », estime le syndicat.

La CGB critique aussi la stratégie de Cristal Union qui « est revenu sur ses engagements de prix » il y a un an. « Pour les betteraves qui sont en train d’être semées, les contrats ne comportent toujours pas d’indication sur les modalités de leur rémunération laissant les agriculteurs dans l’inconnu », dénonce le syndicat.

Tereos est également pointé du doigt. « Le groupe a versé en dernière limite et sans prévenir un second acompte inférieur de 6 €/t par rapport à l’an dernier alors que les engagements d’apports des betteraves n’ont pas changé », indique le communiqué.

Pour la CGB « la capacité de résistance de la filière est atteinte. L’impact sur la gestion des trésoreries est lourd et l’incompréhension prédomine dans un contexte difficile. (…) Les solutions portées par la CGB doivent être prises en compte de façon urgente par la filière et les autorités publiques sur les contrats, la gestion des risques et la compétitivité ».

A.C. et F.-X.D.