La pluviométrie élevée en hiver est un facteur de risque pour les parcelles dont l’état acido-basique du sol est dégradé : des signaux d’acidification dans les parcelles non calcaires sont susceptibles d’apparaître lors de la campagne suivante. Même s’il n’est plus possible d’intervenir, ces symptômes doivent être identifiés afin de prendre, ultérieurement, des mesures pour corriger ces situations.

Acidification : les signes qui ne trompent pas
L’acidité est intimement liée à l’activité de mise en culture du sol. Elle résulte de déséquilibres chimiques dus à l’absorption de nutriments par les plantes et leur exportation dans les récoltes, à l’acidité des pluies, aux apports d’engrais acides (NH4 entre autres), à la minéralisation de l’humus, et indirectement au lessivage hivernal des nitrates.
En cas d’acidification, le pH commence à diminuer dans les horizons de surface. Sauf labour tardif avant implantation des betteraves, après un hiver pluvieux, c’est dans les dix premiers centimètres de sol que se manifeste l’acidité au printemps. Sur les jeunes plantes, on constatera un jaunissement, des rougissements de limbe et des feuilles refermées si l’acidité est sévère (symptômes illustrés dans les photos ci-dessous). Elle est généralement fugace si l’acidité est modérée, mais ralentit le début de croissance, tout en favorisant des fontes de semis.
De façon moins perceptible, l’acidité ralentit la pénétration de l’eau dans le sol, freine le ressuyage, et accentue sa battance.
Si des pluies importantes interviennent en cours de printemps, on constatera des zones refermées et des jaunissements consécutifs à des débuts d’asphyxie racinaire (illustré en photo).
En 2016, des développements tardifs d’aphanomyces sur racines étaient identifiables à la récolte, et expliqués par une conjonction d’acidité et de pluies fortes au printemps.

Anticiper l’acidification
Un sol régulièrement entretenu par des apports chaulants, dispose d’une réserve de carbonates de calcium (CaCO3), qui s’oppose à l’acidification et maintient chimiquement la neutralité du sol. Cette réserve est progressivement consommée par les processus qui produisent de l’acidité. Lorsqu’elle est intégralement consommée, le pH peut chuter rapidement. Ce phénomène explique des symptômes d’acidité sur des jeunes betteraves dans des parcelles jugées en état correct à la lecture du seul pH. Le manque de réserve carbonatée s’est soldé par une baisse rapide de pH dans l’horizon de surface (cf. schéma ci-contre).
Aussi, il est important d’anticiper cette situation, par une surveillance analytique du pH et de la réserve en CaCO3 du sol, et par des apports d’amendements basiques réguliers. Lorsqu’elle est constatée en début de végétation, il n’est pas possible de la corriger. La régularité d’apports modérés permet de lisser les coûts de l’entretien. Par ailleurs, de forts apports de produits chaulants risquent d’entraîner des carences en bore pour la betterave qui suit.
On conseille de réaliser 2 applications de bore, en végétation, de 0,50 à 0,75 kg/ha par apport après tout amendement basique.

Des conseils détaillés et des doses calculées, conformes aux préconisations du Comifer, sont proposés dans le guide de culture de l’ITB, disponible sur www.itbfr.org (rubrique Publications)

Institut technique de la betterave (ITB)