« La rémunération des agriculteurs pour le stockage du carbone dans les sols est une première en France », s’enorgueillissent les fondateurs de Soil Capital, qui lancent leur programme cet automne dans notre pays. La genèse du projet remonte à 2013. Chuck de Liedekerke et Nicolas Verschuere, respectivement professionnel de la finance et agriculteur, s’associent pour fonder, en Belgique, Soil Capital. Le but de cette start-up est d’effectuer du conseil agronomique afin de développer les pratiques agroenvironnementales. Aujourd’hui, elle accompagne des agriculteurs sur plus de 185 000 hectares dans dix-neuf pays. Les associés décident aussi de créer un système de rémunération pour les encourager à pratiquer une agricultrice régénératrice, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à stocker le carbone.

Un protocole de mesure du carbone pour les fermes est mis au point avec un partenaire, Cool Farm Alliance, selon la norme internationale Iso 14064-2. « Cela nous permet d’émettre des certificats carbone pour les agriculteurs de grandes cultures, que l’on va ensuite rémunérer pour leurs pratiques », explique Chuck de Liedekerke. Un agriculteur qui entre dans le programme s’engage pour un minimum de cinq ans. Chaque année, il doit réaliser un diagnostic détaillant ses pratiques agricoles, les produits qu’il utilise, ainsi que ses actions en faveur des sols et de l’environnement. Un “bilan GES” est établi pour décider de mesures propres à améliorer la rentabilité de l’exploitation et son impact sur l’environnement.

L’agroalimentaire intéressé

Pour rétribuer les agriculteurs, Soil Capital a fait appel à South Pole. Spécialisée dans les marchés mondiaux du carbone, cette société commercialise les certificats auprès d’entreprises ou de collectivités. « Nous avons des demandes d’acteurs principalement de l’agroalimentaire, comme Cargill, qui veulent soutenir des productions agricoles bas carbone pour répondre à leur politique de RSE*. Ils n’achètent pas forcément la production de l’agriculteur, mais juste des certificats bas carbone », détaille Chuck de Liedekerke.

La rémunération de l’agriculteur dépend de plusieurs facteurs : le nombre de certificats vendus chaque année par Soil Capital, le type de conduite culturale et le bilan GES de la ferme. « Le paiement minimum sera de 27,50 € la tonne de carbone. Il n’est pas rare de réaliser un bénéfice carbone de 1 à 2 tonnes minimum par hectare et par an, selon les pratiques mises en place sur l’exploitation », assure le cofondateur. Revers de la médaille : pour bénéficier du programme, l’agriculteur doit s’acquitter d’un droit d’entrée de 980 € HT, qui sert à financer l’accompagnement par Soil Capital. « Cela pourra évoluer à la baisse », présage Chuck de Liedekerke. Il rappelle que les agriculteurs intéressés doivent s’inscrire avant fin décembre, s’ils veulent bénéficier d’une rétribution pour leurs pratiques vertueuses sur les cultures de 2021.

* Responsabilité sociétale des entreprises.