Le rôle du bore pour la betterave et le diagnostic de carences
Le bore est un oligo-élément essentiel pour le fonctionnement métabolique de la betterave. Des carences en bore entraînent des problèmes de développement des tissus méristématiques, de transport de la sève et une baisse de la production de certains glucides (principalement le saccharose). Elles conduisent à la formation de phénols entrainant un brunissement des tissus.
Les premiers signes d’une carence en bore sont le noircissement et la mort du point de croissance. Les feuilles extérieures sont ensuite progressivement atteintes. La partie concave des pétioles se noircit, puis les pétioles éclatent. On observe ensuite un jaunissement des feuilles, l’apparition de nécrose, puis des craquelures. C’est ensuite au tour du collet d’être touché. Il noircit et pourrit (maladie du « cœur noir »). La racine présente un aspect liégeux, puis son cœur se creuse et se décompose laissant place à des champignons opportunistes (photos ci-contre).

Conséquences de carences sur le rendement
Les carences observées en 2017 ont permis d’évaluer des pertes de rendement. Les données renseignées dans la figure ci-dessous expriment en pourcentage la différence de rendement en sucre entre des zones carencées en bore et des zones non carencées.

Les pertes de rendement peuvent être très conséquentes. En Champagne, avec près de 80 % de betteraves concernées (dont 50 % de betterave fortement atteintes), la perte de rendement en sucre est au-delà des 40 % par rapport à une zone saine. De même en Normandie, avec une proportion de betteraves atteintes avoisinant les 90 %. Le bore étant nécessaire au métabolisme et transfert des sucres, la carence se traduit aussi par une perte de richesse à la récolte. Il est donc primordial de bien raisonner sa fertilisation boratée.

La disponibilité du bore du sol pour la plante
Le bore disponible pour la plante est le bore qui se trouve dans la solution du sol. Des carences peuvent donc parvenir en cas d’été très sec. La concentration de bore dans cette solution dépend notamment des phénomènes d’adsorption (rétention du bore à la surface de la phase solide du sol) et de désorption (phénomène inverse), fortement influencés par le pH du sol. Plus le pH est élevé, plus le phénomène d’adsorption est avantagé et donc moins le bore est disponible dans la solution du sol et in fine pour la plante. Il est donc conseillé d’accompagner les amendements basiques d’une fertilisation boratée (quelle que soit la teneur initiale, donc même en parcelle jugée pourvue).
Dans les conditions de pH des sols cultivés, le bore se trouve en grande majorité sous forme non ionisée. Ainsi le bore est un élément qui peut être facilement lessivé lors d’un hiver ou un printemps pluvieux. Il est donc conseillé d’ajuster sa fertilisation en fonction des conditions climatiques de l’année. Enfin, la disponibilité du bore dépend aussi du type de sol et de ses caractéristiques. C’est pourquoi les doses conseillées par l’ITB dans son guide de culture (disponible sur le site http://www.itbfr.org) tiennent compte aussi de ce paramètre. Celles-ci reposent sur une analyse de sol qui doit être récente (moins de deux ans). Des sols avec un seuil d’analyse en-dessous de 0,5 ppm (ou 0,5g/kg) sont considérés comme carencés.
Un ou plusieurs apports de bore sont alors nécessaires sur sol nu (1 à 2 kg/ha) ou bien en végétation à 70 % de couverture (0,5 kg/ha). Dans le cas de sols sableux, il est conseillé de faire au minimum en apport en végétation, quel que soit le seuil.

Périodes et formes d’apport du bore
Des apports peuvent être réalisés au sol ou bien en végétation. Dans le cas d’apport au sol, ceux-ci doivent être réalisés avant préparation et semis. Les apports en végétation doivent être effectués à 80 % de couverture (et le second apport éventuel, 1 mois après). Il y a très peu de différences entre les produits par rapport à la biodisponibilité du bore pour la plante. En revanche, les teneurs en bore qui déterminent la quantité d’engrais à apporter peuvent varier.

Une bonne analyse des apports à réaliser est indispensable car une fois les symptômes apparus, la situation est peu maîtrisable par des solutions curatives.

Institut technique de la betterave (ITB)