L’utilisation de l’outil d’aide à la décision Irribet, disponible sur le site www.itbfr.org, est à coupler avec une stratégie que l’ITB construit et abonde chaque année avec la mise en place d’essais dédiés.

Un suivi du bilan hydrique grâce à l’outil Irribet

Irribet est un outil permettant de simuler l’évapotranspiration et d’en déduire une réserve hydrique quotidienne. En-dessous d’une certaine valeur, la réserve de survie, illustrée par une ligne rouge dans l’outil (figure 1), le prélèvement d’eau par la betterave est affecté. Le calcul est réalisé avec une projection à 10 jours sans pluie et en considérant une valeur d’évapotranspiration potentielle correspondant à la moyenne des trois derniers jours. Ceci permet à l’échelle d’une campagne d’irrigation de prévoir approximativement les prochains tours d’eau. Une nouvelle fonctionnalité vous permet de zoomer sur la partie du graphique qui vous intéresse pour un usage facilité.

La fiabilité de ce bilan hydrique repose sur la qualité des données d’entrée renseignées. L’ITB met pour cela à disposition un maillage fin de stations météorologiques pour vous rapprocher au mieux de vos conditions parcellaires. Pour la pluviométrie, pouvant varier fortement à une échelle géographique très restreinte, il vous est possible de renseigner très simplement vos propres données issues d’une station météorologique.

L’autre paramètre primordial est l’estimation de la réserve utile. Un tableau d’aide est renseigné lors de la création d’une nouvelle parcelle. La sollicitation d’experts locaux peut aussi être une aide précieuse. Une erreur importante sur ce paramètre peut engendrer des écarts conséquents sur les résultats obtenus et surestimer ou sous-estimer le nombre de tours d’eau à réaliser.

La lecture de ce bilan hydrique doit être couplée à une stratégie d’irrigation dépendant des contraintes de restriction de matériel et d’eau.

Des interventions précoces souvent bien valorisées

Ces contraintes peuvent conduire à ne pouvoir réaliser des tours d’eau qu’en début de cycle de la betterave. L’ITB revient sur les résultats des modalités d’arrêt précoce de ses essais. Les dates d’arrêt des tours d’eau sont fixées environ entre le 5 et 15 juillet. La figure 2 présente les résultats de l’analyse économique d’essais annuels retenus par l’ITB conduits sur les 6 dernières années. Ces calculs sont réalisés avec les hypothèses suivantes : un prix de la betterave fixé à 23 €/t et un prix de l’eau fixé à 2,6 €/mm. Ce dernier paramètre a été estimé grâce aux données transmises par la Chambre d’Agriculture du Loiret. Elle considère une installation avec deux enrouleurs irrigant 50 ha de culture d’été et 50 ha de cultures de printemps. Elle prend en compte les frais de fonctionnement et une partie de l’amortissement linéaire. Les valeurs de rendement considérées sont celles obtenues sur les essais et sont représentatives de la région du Loiret de ces dernières années.

La partie gauche de la figure 2 montre que l’irrigation précoce est souvent bien valorisée avec une différence de marge par rapport à une modalité non irriguée en moyenne positive, et pour certaines années, de façon conséquente. Sur les huit essais recensés, trois présentent tout de même un résultat négatif.

Pour deux de ces essais, une pluviométrie avantageuse ne discrimine pas suffisamment les bilans hydriques des modalités irriguées précocement et non irriguées, soit par une pluviométrie abondante en début de cycle, soit par des pluies entre le 15 juillet et 15 août. Ces occurrences climatiques illustrent bien la difficulté de construire une stratégie dans un cadre incertain. La réflexion doit donc se faire en termes de fréquence, d’où la nécessité de consolider chaque année l’analyse avec de nouveaux essais. Pour l’autre essai, l’irrigation a été arrêtée très précocement, avant le 1er juillet, avec un stress conséquent sur la fin de cycle. Il est donc conseillé tout de même pour assurer une bonne valorisation, d’engager des tours d’eau lorsque la disponibilité du matériel ou des quotas d’eau permet d’aller jusqu’au 15 juillet.

Arrêter au bon moment pour maximiser la valorisation de l’eau

Dans le cas d’irrigants pouvant répondre aux besoins hydriques de la betterave tout au long de son cycle, la question de la date d’arrêt se pose. La partie droite de la figure 2 donne la différence de marge entre des modalités d’arrêt de l’irrigation après le 15 août, et des modalités d’arrêt « conseillées » par l’ITB, autour du 10-15 août. Six essais sont recensés sur cette partie du graphique, et le bilan est très en faveur de la stratégie prônée par l’ITB.

Deux facteurs jouent principalement dans cette prise de décision. Tout d’abord, en termes de fréquence, les scénarios climatiques font ressortir le relais de pluies ne permettant pas de valoriser les derniers tours d’eau. De plus, des apports trop tardifs (autrement dit, trop proches de la récolte), peuvent entraîner une légère perte de richesse, pas nécessairement compensée par un gain en poids de racine suffisant. La tare terre peut également augmenter. Seul un essai en réalité va à l’encontre de ce conseil. Il s’agit de celui mené en 2018, année très particulière, marquée par un stress hydrique très long et très conséquent : le relais de pluies n’a pas eu lieu jusqu’à la récolte. Les derniers tours d’eau ont donc pu être valorisés, ce qui n’aurait pas été le cas dans la plupart des scénarios climatiques locaux.

Il est donc bien important d’avoir une réflexion fréquentielle pour définir sa stratégie et ne pas conclure trop rapidement à l’essai d’une seule année.

Des références à acquérir sur l’irrigation par opportunisme

Selon les contextes, l’irrigation de la betterave n’est pas prioritaire et se résume donc à de l’opportunisme.

L’année 2018 a permis par exemple d’étudier l’intérêt de la réalisation d’un seul tour d’eau dans un contexte climatique très stressant pour la betterave.

L’impact sur le bilan hydrique mesuré sur un essai conduit dans la Somme était très faible et, du fait d’un stress conséquent, la valorisation de l’eau par la betterave n’a pas été satisfaisante. Un gain d’environ 3 t à 16 °/ha a été constaté, insuffisant pour compenser les coûts engendrés par l’irrigation. De telles interventions, réalisées dans un contexte particulier, ne semblent donc pas conseillées, même si ces résultats se doivent d’être consolidés.

D’autres situations sont à étudier selon les priorités données aux cultures notamment. L’ITB modifie en conséquence les modalités d’apport présentes dans ses essais.

Merci Dolly !

Institut technique de la betterave (ITB)