Le sucre roux, sur le marché mondial, continue son évolution entre 12 et 13 cts/lb, comme c’est le cas depuis le début de la campagne. Néanmoins, une lueur commence à poindre : il a enfin franchi les 14 cts/lb sur la quatrième échéance cotée (mars 2020), ce qui n’était pas arrivé depuis un an. Le sucre blanc, pour sa part, continue de souffrir, et la différence entre les deux cotations, qui représente l’intérêt économique du raffinage, est à un niveau bas qui n’a été que rarement atteint, sous les 50 $/t. L’attente des exports indiens, majoritairement sous forme de blanc, explique en partie cette situation.
Du côté des fondamentaux, l’analyste FoLicht a mis à jour, le 8 avril, ses estimations de bilans mondiaux. Sur la campagne en cours (2018-2019), le déficit attendu est revu à -0,2 Mt, contre une estimation précédente à -1,7 Mt.

Tout le monde garde les yeux rivés vers le Brésil, qui représente toujours une grosse part d’inconnu. Le pays devrait maintenir une allocation importante de la canne vers l’éthanol, avec un pétrole qui a dépassé les 70 $/baril pour la première fois depuis novembre dernier.

FoLicht publie également sa première estimation de déficit sur la campagne 2019-2020, à -1,5 Mt. On notera, selon lui, une baisse prévue en Inde et en Thaïlande (respectivement -2,5 Mt et -1,6 Mt, avec des surfaces en baisse) mais une timide reprise en Europe (retour à des rendements moyens, malgré la baisse de surface) et surtout au Brésil (+4 Mt par rapport à la campagne précédente).

C’est dans ce contexte que les spéculateurs ont légèrement revu à la baisse leurs positions nettes-vendeuses, qui restent à 4,8 Mt.

Du côté européen, la Commission vient de confirmer un prix du sucre livré en février dernier dans la continuité des mois précédents, à 303 €/t, pour des volumes contractualisés l’an dernier. Dans le même temps, la demande sur le marché spot affiche des prix supérieurs de plus de 100 €/t : un appel d’air pour
les importations, et l’Union européenne redevient, depuis janvier dernier, nette importatrice de sucre… Un comble ! Et surtout l’illustration d’un certain dysfonctionnement dans la contractualisation en aval de la filière…

TIMOTHÉ MASSON, CGB