Le 76e congrès international sur la recherche betteravière a donné des signes d’espoir à une filière en pleine tourmente.

Deauville a accueilli la plus grande concentration mondiale de chercheurs et de spécialistes de la betterave à sucre. Du 4 au 6 juin dernier, le 76e congrès de l’institut international de recherches betteravières (IIRB) a rassemblé 350 contributeurs de 21 pays différents représentant des instituts de recherche, des associations de producteurs, des sucriers, des sélectionneurs de betteraves, ainsi que de l’industrie phytosanitaire, des engrais et du machinisme. Preuve que la recherche betteravière est toujours très active : ce congrès a été un de ceux qui ont rassemblé le plus de participants depuis 20 ans !

Chacun était venu pour exposer ses travaux de recherche, mais c’est la situation des betteraviers européens qui a focalisé les principales conversations, suite à l’interdiction des néonicotinoïdes en traitement de semences.

« L’interdiction des néonicotinoïdes pourrait entraîner des sérieuses pertes de rendement à cause de la jaunisse virale transmise par les pucerons. Et elle aura des conséquences inverses de celles espérées par la société civile », a mis en garde le président de l’ITB, Alexandre Quillet.

La veille de ce congrès, le 4 juin, les spécialistes européens travaillant sur les néonicotinoïdes se sont retrouvés pour élaborer des stratégies de recherche à mettre en place. Les semenciers recherchent déjà des résistances à la jaunisse. « Nous aurons des débuts de réponse d’ici 5 ans, a expliqué Bruno Desprez, directeur général de Florimond Desprez. Mais quels seront les niveaux de rendement ? On pourrait avoir des bons résultats avec des techniques génomiques plus récentes, mais là il y a des problèmes réglementaires ». Un projet de recherche entre la société de services ADAS, l’institut technique britannique (BBRO) avec Hilleshög Maribo et SESVanderHave a débuté en 2014, pour trouver de nouvelles variétés résistantes à la jaunisse.

KWS réalise également des tests au Royaume-Uni sur 20 hybrides de betteraves. Le Royaume-Uni est un des pays plus concerné par la jaunisse de par son climat océanique. « Nous utilisons les néonicotinoïdes depuis 25 ans et nous ne savons plus comment cultiver des betteraves sans ces traitements. 80 % des virus sont résistants aux carbamates et aux pyréthrinoides, a expliqué Mark Stenvens du BBRO. Il faudra développer des messages d’alerte pour que les agriculteurs interviennent à temps et réfléchir à l’utilisation d’insectes bénéfiques ». L’interdiction des néonicotinoïdes met toute la filière en ébullition.

François-Xavier Duquenne