Le spécialiste lillois des légumes peut se frotter les mains. Ses résultats atteignent des niveaux records cette année. Mais les aléas climatiques de l’été incitent à la prudence pour l’an prochain. Sur son exercice 2017-2018 clos au 30 juin, Bonduelle a réalisé un chiffre d’affaires de 2,776 Mds €, soit une progression de 21,4 % en données publiées, par rapport aux 2,288 Mds € un an plus tôt. « Cette évolution résulte davantage de la croissance externe, avec la consolidation de la société américaine Ready Pac Foods, acquise au printemps 2017, que de la croissance interne, limitée », a expliqué, le 1er octobre, Gregory Sanson, le directeur financier du groupe. Ce bond du chiffre d’affaires s’accompagne d’une progression de 14,2 % du résultat opérationnel courant, à son plus haut historique : 123,6 M€, contre 108,3 M€, en 2016-2017. Le résultat net est également en progression, de 20,9 %, à 72,3 M€. « Cette performance annuelle s’inscrit dans un environnement de consommation peu porteur en Europe ainsi qu’aux États-Unis et en amélioration lente en Europe orientale», a commenté Guillaume Debrosse, le nouveau directeur général du groupe. Arrivé aux commandes en avril, il remplace Christophe Bonduelle sur cette fonction. Ce dernier conserve cependant la présidence du groupe familial.

Rachat de Del Monte au Canada

Pour l’exercice 2018-2019, la croissance du groupe pourrait être moins élevée, entre 1 et 2 %. En cause : l’impact de la sécheresse partout dans l’hémisphère Nord. « La culture du pois, de mai à juillet, a été marquée par de fortes périodes de chaleur, du Canada à la Russie, en passant par la Picardie. C’est rare que l’on soit touché en même temps sur tous nos bassins de production », a souligné Christophe Bonduelle. Le groupe anticipe un impact négatif de 7 à 8 M€ sur ses comptes pour le prochain exercice. Bonduelle devrait cependant continuer à récolter les fruits de sa stratégie de développement mondial. Au Brésil, le groupe lillois vient de nouer un partenariat qualifié de « gagnant gagnant », avec le géant Unilever, pour la fabrication des produits de la marque Knorr. En échange, Bonduelle profite de la force de frappe commerciale d’Unilever dans le pays. Au Canada, le Français a acquis au printemps la marque Del Monte, marquant ainsi « la première incursion de Bonduelle dans le fruit », soit un apport de chiffre d’affaires supplémentaire de 50 millions de dollars canadiens. Le groupe conforte ainsi son plan stratégique « Vegego » pour devenir, d’ici à 2025, « le référent mondial qui assure le bien-vivre par l’alimentation végétale ». Il vient d’ailleurs d’adopter une nouvelle signature institutionnelle dans ce sens. « L’alimentation française a une très bonne image dans le monde… sauf en France. C’est pour cela que nous avons choisi notre nouvelle signature mondiale en français : la nature, notre futur », a souligné Christophe Bonduelle.

Adrien Cahuzac