Südzucker a de nouveau refusé, le 25 juin, de céder ses usines de Cagny et Eppeville. Quelle a été votre réaction ?
Nous avons ressenti une profonde déception. Nous sommes face à un groupe qui a pris une décision unilatérale, avec un mépris total pour les planteurs. Si cela n’allait vraiment pas pour eux, ils auraient décidé de vendre l’usine. Il y a deux ans, ils ont demandé aux planteurs d’augmenter de 20 % les surfaces de betteraves, car il fallait saturer l’outil pour qu’il coûte le moins cher possible. Et aujourd’hui, ils nous jettent comme ça, sans rien. Nous avons une des sucreries parmi les plus rentables. Demain, 3 départements ne vont plus produire de betteraves et cinq vont se retrouver privés de pulpes pour les élevages.
Quelles actions prévoyez-vous dans les prochains mois ?
Nous allons nous battre. Nous avons déjà bloqué la sucrerie le soir et le lendemain de l’AG du syndicat betteravier. Il ne faut pas lâcher. Nous, les jeunes, sommes optimistes. Nous construisons notre avenir. Il y avait déjà eu le « jour le plus long » en Normandie lors du débarquement, nous promettons de faire la « campagne la plus longue ». Pour l’instant, nous souhaitons rester discrets ce que nous allons faire. Nous sommes déçus par le gouvernement, mais nous savons que nous pouvons compter sur certains parlementaires et en particulier au Sénat. Nous avons l’appui des ETA, que Südzucker laisse totalement de côté, mais aussi des salariés des usines concernées et des autres. Il pourrait y avoir des débrayages dans toutes les usines Saint Louis Sucre à la rentrée. Nous allons aussi mener des actions contre la marque Saint Louis et appeler au boycott.
Y a-t-il d’autres cultures susceptibles de prendre la suite de la betterave en 2020 ?
Aujourd’hui, la betterave est la deuxième source de revenu de nos exploitations devant les céréales et après le lin. Toutes les cultures sont saturées dans la région. Il n’y a pas de substitution possible. Tout le monde ne pourra pas faire du lin, car les outils vont être vite saturés. Les ETA ne vont pas toutes s’y lancer car les outils sont très coûteux.
Propos recueillis par Adrien Cahuzac