Le secteur agricole européen n’est presque pas parvenu à réduire ses émissions depuis 2018, pointe un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement publié le 10 mars. Un article de notre partenaire européen Euractiv.

L’agriculture est un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre en Europe. Mais il peine à réduire ses émissions, a pointé un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) publié le 10 mars. Dans ce rapport, l’agence s’est penchée sur les efforts fournis en matière de réduction des émissions par les secteurs de l’agriculture, du bâtiment, des transports et des petites et moyennes entreprises, qui ne sont pas couverts par le système d’échange de quotas d’émissions. Rassemblés, ces secteurs pèsent environ 55% des émissions européennes, alors que les secteurs de l’énergie, des industries lourdes et de l’aviation dont les émissions sont contrôlées dans le cadre du marché européen du carbone représentent le reste (45%). Pour permettre à l’Europe d’honorer ses promesses en matière de réductions des émissions, les secteurs couverts par le rapport doivent réduire collectivement de 30% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Une réglementation européenne ventile entre les États membres les efforts à réaliser. Cet objectif de 30% est une contribution non négligeable aux objectifs climatiques globaux de l’UE, qui tablent sur une baisse des émissions de 40% d’ici à 2030. Et d’autant plus nécessaire que l’UE est en passe de renforcer ses objectifs avec la nouvelle loi climat présenté par la Commission européenne le 4 mars dernier. Le texte prévoit de relever le niveau de baisse des émissions de 50% à 55% pour 2030.

Des émissions stables

Mais alors que l’Europe est à mi-chemin pour atteindre ses objectifs de 2030, l’Agence européenne estime que les pays de l’UE vont devoir doubler leurs efforts actuels. Faute de quoi les ambitions climatiques affichées par l’UE pourraient rester lettre morte. Les secteurs de l’agriculture, du bâtiment, des transports et des petites et moyennes entreprises n’ont en effet baissé leurs émissions que de 11% sur la période 2005-2018 que couvre l’étude, soit à peine plus qu’un tiers des efforts attendus d’ici à 2030. Et l’agriculture fait particulièrement figure de mauvais élève puisque la baisse n’est que de … 1%. Autre mauvais élève, le secteur des transports n’est parvenu à réduire ses émissions que de 8%. « Les secteurs du transport et de l’agriculture ont fourni des baisses d’émissions très limitées entre 2005 et 2018 », relève d’ailleurs le rapport. Selon l’AEE, un certain nombre de mesures pourraient être mises en œuvre pour accélérer la décarbonatation de l’agriculture, parmi lesquelles le soutien aux exploitations s’attelant à réduire les émissions de l’agriculture, à l’agriculture biologique et un renforcement des exigences en matière d’engrais.

Pour autant, l’AEE n’affiche pas un grand optimisme sur le potentiel du secteur agricole en matière de réduction des émissions. « Les États membres et le Royaume-Uni indiquent un potentiel limité de réduction des émissions pour ce secteur » signale l’Agence. En France, le Haut Conseil pour le Climat, a relevé une diminution de 8 % des émissions du secteur agricole entre 1990 et 2018, dans son rapport annuel. Mais les émissions se sont stabilisées sur la période 2015-2018 à -0,1% par an. Une tendance qui met le secteur sur les rails de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC) du pays, dont les objectifs pour le secteur agricole sont néanmoins modestes. En effet, la stratégie vise une réduction de 20 % des émissions de l’agriculture française entre 2015 et le quatrième budget carbone, prévu pour 2029-2033.

Cécile Barbière (Euractiv.fr)