« Le renouvellement générationnel est l’un des neuf objectifs de la PAC. Les États membres seront donc bien obligés de se pencher sur la question, qu’ils le veuillent ou non », estime Jannes Maes, président du Conseil européen des jeunes agriculteurs (CEJA). Le secteur agricole européen est aux prises avec une force de travail vieillissante. Si cette tendance continue, elle menacera la viabilité du secteur, estiment certains observateurs. Selon les données d’Eurostat, en 2016, seuls 11 % des gestionnaires d’exploitations dans l’UE avaient moins de 40 ans.

C’est en Autriche qu’il y a le plus de jeunes agriculteurs (22 %), puis en Pologne (20,3 %) et en Slovaquie (19 %). À l’autre extrémité, on trouve Chypre (3,3 %), le Portugal (4,2 %) et le Royaume-Uni (5,3 %).

La proposition de PAC post-2020 de la Commission européenne définit neuf objectifs, dont l’entrée dans le secteur de plus de jeunes travailleurs. L’exécutif suggère ainsi qu’un minimum de 2 % des paiements directs (premier pilier) alloués à chaque pays soit réservé aux jeunes. Ceux-ci recevront aussi des aides dans le cadre du développement rural et de la facilitation de l’accès à la terre.

Si Jannes Maes se félicite de l’attention portée aux jeunes, il estime que cet objectif ne va pas assez loin. « L’allocation de 2 % du premier pilier ne suffira pas à assurer le renouvellement générationnel dans le secteur agricole. À la CEJA, nous faisons pression pour que ce chiffre monte à 4 %, entre autres mesures ».

Donner les moyens aux jeunes

La question du budget de la PAC est sur toutes les lèvres. Étant donné l’émergence de nouveaux défis, notamment dans le domaine de la sécurité commune, la Commission a proposé des coupes considérables dans l’enveloppe agricole et compte sur les États pour compenser le manque à gagner en augmentant leurs contributions nationales.

Cela n’arrange évidemment pas les capitales. Paris, Athènes, Madrid, Dublin, Lisbonne et la Finlande ont ainsi signé une déclaration commune exprimant leur déception face au cadre financier pluriannuel et à la PAC. Ces pays, plus tard rejoints par Chypre et la Bulgarie, estiment que le budget de la PAC devrait au moins être maintenu au même niveau en chiffres absolus. « Nous voulons sonner l’alarme sur la viabilité de l’agriculture européenne. Nous estimons que si nous ne trouvons pas un bon équilibre entre ressources et obligations, l’avenir du secteur agricole et des zones rurales de l’UE sera compromis », a récemment insisté le ministre grec de l’Agriculture, Stavros Arachovitis.

Une opinion partagée par les jeunes agriculteurs européens, qui pensent nécessaire de mettre en place des mesures spécifiques pour les jeunes. « Mais cela dépend de la volonté des États à contribuer suffisamment au budget commun », regrette Jannes Maes.

Si les neuf objectifs de la PAC étaient atteints, le renouvellement générationnel serait naturel. « Comme ce n’est pas le cas actuellement, il sera important de responsabiliser les États. C’est pourquoi il est essentiel de disposer d’indicateurs pertinents et précis, afin de mesurer combien de jeunes entrent dans le secteur et y restent ».

Pour le président du CEJA, il ne sert à rien de prendre des décisions s’il n’y a pas le budget pour les concrétiser. « Pour garantir la force de la prochaine PAC, il est crucial d’avoir un bon budget pour 2021-2027. Et avec une PAC forte, on peut soutenir les agriculteurs actifs à survivre aux difficultés qu’ils ont, qu’elles soient sociales, écologiques ou économiques ».

Sarantis Michalopoulos (Euractiv.com) – traduit par Manon Flausch