Qu’ils soient sous terre ou sur les feuilles, les ravageurs font toujours parler d’eux. L’an dernier, taupins et doryphores ont été repérés dans un grand nombre de parcelles. Les taupins ont localement provoqué des morsures et des galeries sur les tubercules, visibles à la récolte. Dans certains cas, on comptait plus de 20 % de tubercules troués. Or les dégâts importants, avec des trous de plus de 3,5 mm, rendent les tubercules difficiles à commercialiser. « Il n’existe pas de recette miracle contre les taupins, signale Pierre Taupin, ingénieur chez Arvalis. La prévention passe avant tout par une rotation longue et le travail du sol répété, entre juin et septembre, dans l’année précédant la plantation de pommes de terre dans une parcelle. »

Taupins : deux biosolutions

La lutte contre les taupins peut être complétée par l’incorporation d’un insecticide avant la plantation ou localisée dans la raie de plantation. À ce moment-là, les larves sont peu actives, car c’est en juillet qu’elles passent à l’attaque. Cela limite donc l’efficacité du traitement. Plusieurs substances, dont deux biosolutions, sont applicables contre les taupins. Elles sont testées depuis quatre ans par Arvalis :

– le Nemathorin 10 G (fosthiazate 10 %) également autorisé pour lutter contre les nématodes, mais son efficacité sur taupins semble irrégulière.

– le Karaté 0.4GR et le Trika Expert + (lambda-cyhalothrine 0,4 %), appliqués dans la raie de plantation, offrent une efficacité limitée de, respectivement, 30 et 40 %.

– le Naturalis (Beauveria bassiana), produit de biocontrôle utilisable en agriculture bio (AB) : son niveau d’efficacité est proche de celui de la référence microgranulés (25-30 %).

– le Success GR (spinosad 0,4%), produit de biocontrôle utilisable en AB, autorisé depuis 2019 avec des résultats estimés à 20-25 % d’efficacité. Nouveau dans la panoplie, le Success GR utilise une substance active obtenue par fermentation d’une bactérie naturelle du sol (Saccharopolyspora spinosa). Il agit en provoquant rapidement une paralysie de l’insecte qui ne peut plus s’alimenter. Le Success GR s’applique avec un diffuseur queue de carpe spécifique (diffuseur QDC-DXP-L) permettant une bonne répartition des granulés autour du plant pour une meilleure efficacité. Son coût moyen s’élève à environ 60 €/ha.

Nématodes : combiner génétique et traitement

D’autres ravageurs souterrains sont soumis à une lutte obligatoire dès qu’ils sont détectés dans une parcelle : les nématodes à kystes Globodera pallida et Globodera rostochiensis, considérés comme « parasites de quarantaine ». Arvalis a évalué l’efficacité de différents nématicides sur le Globodera : le Vydate 10G, le Velum Prime et un produit de biocontrôle, l1604. Le test a été fait sur deux variétés différentes : l’une sensible et l’autre résistante au nématode. Sans traitement, on constate que la population de nématodes baisse significativement avec la variété résistante (-32 %) et augmente avec la variété sensible.

Lorsque que l’on combine la variété sensible et un nématicide, les populations de nématodes ont « moins augmenté avec le Vydate 10G et le Velum Prime. En associant la variété résistante avec le Velum Prime et I1604, on constate la plus grande diminution de populations de nématodes (-74 % et -81 %). Le choix de la génétique est donc un paramètre primordial à prendre en compte.

Doryphores, toujours d’actualité

En cours de végétation, les doryphores ont été présents une bonne partie de l’été 2019. Compte tenu de l’hiver doux que l’on vient de traverser, le ravageur risque de rester présent cette année. Le seuil de traitement se situe à une ou deux plantes sur une surface de 1000 m2 portant au moins vingt larves. Deux spécialités rejoignent en 2020 la liste des insecticides utilisables :

– Mandarin Gold (Philagro), à base d’esfenvalérate. Il est homologué sur doryphores et sur pucerons à la dose de 0,25 l/ha.
– Mavrik Smart (Adama), à base de tau-fluvalinate. Il est homologué sur doryphores à la dose de 0,2 l/ha.

Le Success 4, à base de spinosad, et le Novodor FC (sur larves très jeunes), deux insecticides de biocontrôle, sont également autorisés sur doryphores.