Maladie toujours redoutée, le sclérotinia contamine le colza par l’intermédiaire des pétales. Au-delà des Bulletins de santé du végétal (BSV), il existe des moyens de mesurer le risque à la parcelle, et d’anticiper les attaques de cette maladie sur le colza.

Sclérotinia : le kit pétales

Le Kit pétales*, mis au point par Terres Inovia, évalue ce risque en quelques minutes. Ce test permet de déterminer le pourcentage de fleurs contaminées par le sclérotinia au début de la floraison du colza. « Il constitue aussi un bon indicateur pour évaluer le potentiel infectieux de sa parcelle vis-à-vis de cette maladie », explique Annette Penaud, chargée d’études à Terres Inovia. L’utilisation est simple : il suffit de prélever 40 fleurs dans une parcelle de colza au stade F1 et de déposer 4 fleurs dans chacune des 10 boîtes qui contiennent un milieu de culture de couleur violet. Les boîtes devront ensuite être stockées dans un endroit tempéré (environ 20°C) pendant 4 à 5 jours. Ensuite, il est très facile d’interpréter ce test. Si le milieu de culture passe du violet au jaune autour des fleurs, le colza est contaminé par le sclérotinia.

En situation à risque de sclérotinia, Terres inovia conseille de traiter lors de la chute des premiers pétales et avant la formation des siliques. Une seule application suffit. Les programmes à deux traitements n’améliorent pas le contrôle du sclérotinia et ne sont rentabilisés qu’en cas de très forte attaque simultanée d’autres maladies : alternaria et mycosphaerella sur les siliques. La résistance aux fongicides SDHI étant détectée dans 20 départements, il est préférable d’employer le SDHI associé à un autre mode d’action efficace. Trois substances de biocontrôle sont autorisées sur sclérotinia, appliquées à la chute des premiers pétales : Ballad, Rhapsody, et Polyversum. Utilisées seules, ces formulations à base de micro-organismes présentent une efficacité limitée, estimée à 30 % en pression faible à modérée de sclérotinia. Leur utilisation reste donc préconisée avec un fongicide à demi-dose.

Charançons et méligèthes

Les ravageurs de printemps nécessitent aussi une surveillance continue dès la période de préfloraison. En présence de charançon de la tige, reconnaissable par sa couleur et ses pattes noires, l’intervention doit être rapide, dans les 8 jours qui suivent les premières arrivées. Les insecticides pyréthrinoïdes classiques contrôlent bien ce ravageur.

Du stade bouton à début floraison, le colza est aussi sensible aux attaques de méligèthes, qui peuvent prélever le pollen dans les boutons et stériliser une partie des fleurs. La lutte n’est pas systématique. Sur un colza vigoureux, le seuil de traitement se situe à plus de 6 méligèthes par plante au stade boutons séparés. Sur un colza chétif ou soumis à de mauvaises conditions, le seuil s’abaisse à 2-3 méligèthes par plante. Il est conseillé de choisir un produit à mode d’action différent de celui appliqué sur le charançon de la tige. De plus, les méligèthes résistent à la plupart des insecticides pyréthrinoïdes, mis à part le Mavrik Smart (taufluvalinate) et le Trebon 30EC (étofenprox). D’autres insecticides sont utilisables sur méligèthes : Steward, Explicit EC. En cas de risque simultané de deux ravageurs (charançon de la tige et méligèthes), Terres Inovia conseille de choisir le Trebon 30EC. Les produits doivent porter une mention « abeilles » liée à l’usage choisi, qui figure sur l’étiquette. À souligner : en période de floraison ou de production d’exsudats par le colza, le traitement en pleine journée n’est pas autorisé. Toujours en projet, le plan pollinisateur, s’il est appliqué en 2021, pourrait restreindre l’usage des produits portant la mention « abeilles » dans un créneau de 3 heures qui suit le coucher du soleil.

Le zéro insecticide parfois possible

Si l’option zéro traitement contre les ravageurs est possible, elle comporte des risques. La plateforme Syppre de Picardie a pourtant réussi le pari du zéro insecticide pendant quatre campagnes consécutives. « Le dispositif est prévu pour placer le colza stratégiquement derrière une culture de pois de conserve. Le travail du sol simplifié et le semis précoce permettent d’atteindre le stade B2 avant début septembre » explique Nicolas Latraye, ingénieur chez Terres Inovia. Le zéro insecticide se base ensuite sur des observations et des règles de décision connues. Sur la plateforme Syppre, les impacts des ravageurs ont été minimisés par rapport à d’autres systèmes classiques, ce qui s’explique par une rotation incluant plus de cinq cultures différentes et par la présence de bandes enherbées. Cette configuration favorise les auxiliaires et diminue la pression des ravageurs spécifiques. En 2021, le colza de la plateforme se porte très bien, avec un état sanitaire irréprochable et zéro larve d’altise, malgré une forte pression sur cette zone. Si l’objectif de 45 q/ha n’a jamais été atteint dans le système Syppre de Picardie, les résultats économiques sur les modalités colza demeurent parmi les meilleurs de la plateforme et c’est encourageant.

* pour en savoir plus, contacter : laboGPC@​terresinovia.fr