Cercosporiose, rouille, mildiou, oïdium… Et si ces maladies fongiques pouvaient être prévues bien avant les premiers symptômes ? C’est le projet sur lequel travaille Yves Hatzfeld depuis plus de trois ans. Ce docteur en physiologie végétale, diplômé de l’école d’agronomie de Montpellier, développe un système de météorologie microbienne pour réduire les traitements aériens dans les champs.

En 2000, il intègre CropDesign, une start-up belge qui travaille sur la transgenèse appliquée aux grandes cultures (riz, maïs, colza, soja…). Il devient tour à tour chef de projet, coordinateur, chef de groupe puis intègre le département des acquisitions technologiques et collaborations. Entre-temps, la start-up est achetée par BASF. Mais quelques années plus tard, le géant allemand finit par s’en désintéresser. « La transgenèse n’était plus stratégique et l’opposition politique trop importante en Europe. Les attentes agricoles et sociétales sont passées en quelques années d’une logique d’augmentation des rendements bruts à celle de la préservation des rendements en utilisant moins d’intrants », explique Yves Hatzfeld. En 2017, il décide de quitter CropDesign pour fonder sa propre entreprise.

Réduire les traitements fongicides

L’un des projets poursuivis par son ancienne entreprise était la résistance du soja à la rouille asiatique, une maladie qui se propage par des spores en suspension dans l’air. « Une résistance même partielle à ce pathogène avec une approche plus légère que la transgenèse permettrait de réduire sensiblement les traitements fongicides avec une meilleure connaissance de l’environnement microbiologique des cultures », estime-t-il. C’est sur cette idée qu’il fonde sa propre start-up, Microspotter, pour développer un service de météorologie microbienne pour l’agriculture. Il teste différentes techniques pour mesurer la concentration des particules biologiques dans l’air. Finalement, il développe un système d’imagerie microscopique qui aspire de l’air, colle les particules sur un support puis les identifie ensuite de façon rapide et automatique.

En 2018, il entre à l’incubateur EuraTechnologies à Lille. Là, il se forme à la création d’entreprises et définit le plan d’affaires du projet. Un an plus tard, il développe un premier démonstrateur de la taille d’une grosse boîte à chaussures qui permet d’analyser des particules d’une dizaine de microns de diamètre, la taille des spores des principales maladies fongiques. « L’objectif plus tard sera d’arriver à observer des particules de 1 à 2 microns, ce qui correspond aux dimensions des plus petites spores de pathogènes », espère-t-il. En attendant, Yves Hatzfeld cherche des financements pour poursuivre le développement de son système et notamment sa commercialisation. Voilà qui devrait intéresser les professionnels des céréales, des oléagineux, de la pomme de terre et de la betterave.