Chaque jour qui passe, la jaunisse marque un peu plus son empreinte dans les champs de betteraves en France. Après la mobilisation des betteraviers depuis plusieurs semaines pour alerter le gouvernement, ce sont cette fois, les vice-présidents en charge de l’agriculture des quatre principales régions productrices de betteraves (Normandie, Hauts-de-France, Ile-de-France et Grand Est) qui ont apporté leur soutien à la filière le 29 juillet lors d’une conférence de presse commune. Ils exhortent le gouvernement à agir au plus vite.

« La situation est dramatique », a insisté Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la région Hauts-de-France. En Picardie, entre 50 et 70 % des parcelles sont touchées. Nous sommes à la veille de perdre une fleuron de notre économie agricole ». « Les solutions homologuées en traitement aérien n’ont rien pu faire », a poursuivi Clotilde Eudier, vice-présidente de la région Normandie.

Les quatre régions ont demandé au gouvernement d’apporter des solutions le plus rapidement possible. « Des alternatives existent pour maintenir la filière. C’est maintenant que cela doit se décider pas l’an prochain », a souligné Othman Nasrou, le premier vice-président de la Région Ile-de-France.

800 000 tonnes de sucre en moins

Selon Guillaume Gandon, vice-président de la CGB, la production française de sucre pourrait chuter cette année de 600 à 800 000 tonnes à cause de la jaunisse. A ce stade, les pertes économiques pourraient atteindre 150 millions d’euros pour les producteurs. « Bon nombre de planteurs hésitent entre réduire drastiquement leurs surfaces pour la prochaine campagne, ou arrêter complètement la production », a-t-il alerté. « La filière risque de s’effondrer comme un château de carte », a martelé Franck Sander, le président de la CGB. Pour éviter un tel scénario, la CGB demande au gouvernement que soit réautorisée l’utilisation des néonicotinoïdes en enrobage de semences, dès la prochaine campagne, le temps que la recherche trouve des solutions génétiques. « Les planteurs de betteraves sont prêts à s’engager à ne pas planter de cultures mellifères l’année après des betteraves », a-t-il assuré. La France est le seul pays producteur européen à ne pouvoir utiliser de néonicotinoïdes à ce jour en betteraves. Toujours selon le syndicat, douze pays ont obtenu une dérogation pour utiliser et quatorze peuvent en utiliser à ce jour.

Pour la vice-présidente de la région Hauts-de-France, la France a surtransposé la directive européenne avec la loi biodiversité de 2016, en interdisant les néonicotinoïdes en 2018. « Il faut bouger la loi. Ce n’est pas compliqué. Il s’agit d’un fleuron de notre économie à protéger. On espère que le gouvernement va répondre vite. En septembre, ce sera trop tard pour les assolements de l’an prochain », a-t-elle rappelé. Le nouveau ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, devrait annoncer des mesures dans les prochains jours. En attendant, il déclairait à l’Assemblée nationale, le 28 juillet que « jamais, jamais, jamais, (il) n’abandonnerait la filière betteraves ». Il sera jugé sur ses actes par les producteurs.