La campagne sucrière ne fait que commencer, mais certains voudraient déjà l’oublier… Avec des premiers rendements pires qu’attendu, et des conditions climatiques qui compliquent les premiers arrachages, le moral est descendu bien bas. Les trésoreries de nos exploitations seront rapidement à sec, et l’indemnisation des pertes les plus importantes liées à la jaunisse est une urgence absolue… Même si l’Assemblée nationale a fait briller une lumière la semaine passée, c’est d’oxygène dont nous avons besoin maintenant pour passer le cap.

En Île-de-France, par exemple, région la plus touchée (avec le Centre Val-de-Loire), 42 % des planteurs et 68 % des surfaces subiront des pertes supérieures à 20 000 €. Mais c’est aussi le cas de nombreux planteurs d’autres départements betteraviers. On voit ainsi les limites du régime de minimis, proposé par le ministère, où seuls les Gaec pourront, grâce à la transparence, dépasser les 20 000 € d’indemnisation. C’est l’État qui nous a mis dans l’impasse, et qui a occasionné un désastre en l’absence de solutions alternatives efficaces. C’est à lui de payer !

Même la fondation Nicolas Hulot a estimé les pertes pour les betteraviers à 77,5 millions d’euros, chiffre du reste très largement sous-estimé. Et le débat public aura au moins permis un consensus politique sur la gravité de la situation. De quoi justifier la création d’un régime d’indemnisation “sur mesure”, adapté à la situation. Cela supposerait de notifier les aides à la Commission européenne, et d’obtenir son accord. Julien Denormandie a courageusement porté le débat en France. Il doit aussi s’affirmer comme un leader européen sur le sujet de l’indemnisation, car d’autres pays, comme les Pays-Bas et la Belgique, sont gravement touchés.

Dans nos fermes, les agriculteurs assurés multirisque climatique sont, pour la plupart, déjà expertisés. Entre sécheresse et jaunisse, la tâche n’est pas si simple et l’arbitrage parfois délicat. Mais des procès-verbaux ont été dressés, et feront foi pour l’aléa sécheresse. Peut-être aussi pour la jaunisse… Les experts et les compagnies d’assurances peuvent s’appuyer sur l’expertise de l’ITB, qui a publié des estimations de pertes dans les zones touchées.

Dans les prochaines semaines, il nous faudra établir un mécanisme simple, juste, factuel, rapide d’application. Nous y travaillons depuis l’annonce de l’indemnisation, le 6 août dernier.

Mais ce qui est simple n’est pas toujours juste, et dans certains départements, il existe une évidente hétérogénéité des dégâts causés par la jaunisse. C’est pour cela que vous devez prendre des photos de vos parcelles, seule preuve irréfutable de votre situation. En les renseignant sur l’application dédiée, il sera possible de visualiser la parcelle par imagerie satellite, du semis à la récolte.

Sur ce dossier de l’indemnisation, les enjeux sont clairs : éviter le naufrage d’exploitations betteravières, et inciter chaque planteur à ressemer l’an prochain.