Les cours mondiaux des oléagineux sont en très forte hausse depuis début octobre. À Chicago, le soja s’affiche jusqu’à 395 $ – son plus haut niveau de l’année –, en raison de disponibilités revues à la baisse, alors que la demande mondiale reste très forte, malgré la crise de la Covid-19. En Europe, la graine de colza a suivi le mouvement, quittant le couloir des 380-390 €/t dans lequel elle s’inscrivait depuis six mois, pour atteindre jusqu’à 395 €. Le 13 octobre, elle est retombée à 389 € sur le Fob Moselle et 388 € sur le rendu Rouen, Euronext indiquant 390 € pour le contrat à échéance février 2021. Ce repli “technique” s’explique, selon les experts, par des prises de bénéfices des fonds d’investissement. Toutefois, la barre des 400 € reste en ligne de mire. L’an dernier, ce seuil avait été franchi à partir de début décembre, et il avait tenu jusqu’à début février, avant de chuter en mars, à l’apparition de la pandémie.

Cette tendance, si elle se confirme, devrait réchauffer un peu le cœur des producteurs de colza français et européens, durement frappés par des épisodes de sécheresse et les attaques d’insectes. En France, la sole pourrait chuter pour les semis en cours à 900 000 ha pour la récolte 2021, contre 1,12 Mha en 2020 et 2019, et 1,6 Mha en 2018. Un recul qui inquiète. Cette année, la sécheresse a, en effet, touché une large bande allant des côtes atlantiques à la Belgique. Les producteurs britanniques sont, eux aussi, découragés, alors que les Allemands et les Polonais (près d’un Mha chacun) ont moins souffert. La Commission européenne prévoit une production de 28 Mt en Europe en 2021, soit un volume inférieur de 2 Mt par rapport à la moyenne quinquennale.

Au niveau mondial, le raffermissement des cours du soja américain résulte à la fois de la dépréciation du dollar et du retour à l’achat de la Chine aux États-Unis, après les accords conclus en janvier dernier. Selon le dernier rapport de l’USDA, le département américain de l’Agriculture, la Chine va importer, au total, pas moins de 100 Mt de soja pendant la campagne, répartissant ses achats entre les États-Unis, le Brésil ou encore l’Ukraine. Face à cette demande, les stocks mondiaux fondent, à un rythme plus élevé que prévu. D’où la hausse des cours du soja à Chicago. Mais c’est aussi vrai pour le canola canadien, qui vient de passer les 400 $. Dans ce pays d’Amérique du Nord qui produit annuellement 20 Mt, les stocks sont au plus bas. Et il suffirait que la récolte brésilienne ou argentine subisse un accident climatique – on entre dans la période des ouragans – pour que les cours se tendent.