C’est à un bond spectaculaire auquel on assiste : le FOB Moselle affiche 444 €/t, le rendu Rouen 442 €/t, et les échéances de février et mai sur Euronext ont grimpé à 439 et 432 €/t, des cours un peu moins élevés, signe de la prudence des investisseurs sur les marchés à terme.

Cette envolée des prix tient évidemment au déficit que connaît l’Europe, compte tenu de la faiblesse des deux dernières récoltes. Mais d’autres raisons expliquent la hausse des cours. A Chicago, les prix de la graine de soja atteignent, le 12 janvier, 508 $ la tonne, au plus haut depuis 2014. Le seuil des 500 $ n’avait été franchi qu’en 2008 et en 2012, les prix frôlant alors les 600 $ !

Selon le département américain de l’Agriculture, la demande mondiale s’accentue – elle est prévue à 370 Mt pour le soja – alors que la production mondiale est revue à la baisse mois après mois, tant aux États-Unis (123,5 Mt), qu’au Brésil (131,5 Mt) ou en Argentine (50 Mt) ; l’offre totale pour 2020-2021 se situant alors à un peu plus de 360 Mt.

Autre facteur de hausse, l’accord signé en janvier 2019 entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping qui fonctionne à plein pour les importations de soja dont les Chinois ont besoin pour nourrir leur cheptel. Fin novembre 2019, les importations agricoles par la Chine aux États-Unis se sont élevées à 22,5 milliards de dollars alors qu’elles étaient tombées à quelques milliards en 2018.

Relation Chine États-Unis

Reste à savoir ce que la nouvelle administration américaine va faire du dossier des relations commerciales avec la Chine. Le nouveau président américain Joe Biden a nommé Tom Vilsack secrétaire d’Etat à l’Agriculture, poste qu’il a déjà occupé pendant huit ans sous la présidence de Barack Obama. Ancien gouverneur de l’Iowa, un État gros producteur de soja, il connaît bien les enjeux de cette production qui a été très touchée pendant deux ans par la guerre commerciale. La politique à venir sera probablement déterminante sur l’évolution des cours, tant pour le soja que pour le colza en Europe. On observe d’ailleurs une inversion de tendance surprenante. Habituellement, le cours du colza européen est supérieur d’une cinquantaine d’euros à celui du soja et les deux graines oléagineuses évoluent de concert selon cet écart. Aujourd’hui, c’est le soja qui affiche 70 $ de plus que le colza ! La situation est-elle appelée à durer ?