Rouler roue dans roue ou en crabe ?

Les intégrales de récolte permettent de rouler en crabe pour avoir une surface plus plane et facile à reprendre par la suite. Intuitivement, on peut prédire que deux roues successives dans la même trace généreront plus de tassement qu’une seule, mais ce n’est pas complètement vrai. La marche en crabe de la machine de récolte est à privilégier lorsque le sol est sec en profondeur, car l’intensité du tassement sera ainsi contenue en surface. La profondeur de tassement sera restreinte, car le sol est asséché et résistant.

En revanche, si le sol est humide en profondeur, il se montre peu résistant au tassement. La succession des roues accroît alors l’intensité du tassement en surface, mais n’augmente pas la profondeur atteinte, ni l’intensité de cette dernière. Pour limiter les zones affectées par un tassement profond, la marche roue dans roue est donc à privilégier.

Adapter les pneumatiques pour réduire le tassement ?

Une monte de pneumatiques et une pression adaptées agrandissent la surface de contact avec le sol et réduisent l’intensité du tassement en surface. Un pneu diagonal a une surface de sol réduite et un pic de pression situé en son centre. Au contraire, un pneu radial offre une plus grande surface de contact et une meilleure répartition de la charge au sol.

La pression de gonflage doit être réglée en fonction de la charge et de la vitesse, en respectant les recommandations du constructeur. Pour un pneu (560/60 R22.5), une pression de 1,9 bar permet de diminuer de 20 % la pression au sol par rapport à une pression de 3 bars.

Un pneu de grand diamètre permet d’étendre la longueur de la zone de contact avec le sol. Cela permet de garder une surface de contact équivalente à celle d’un pneu plus large, mais de restreindre la surface impactée par le passage de roues.

Des chenilles pour limiter le tassement ?

Les chenilles permettent d’accroître la surface de contact avec le sol. En revanche, la pression au sol n’est pas répartie de manière équitable, contrairement à ce que l’on observe avec un pneu : des pics de pression sont mesurables sous les galets. Des essais ont permis de comparer le tassement d’une intégrale à chenilles et celui d’une intégrale à roues. Avec les chenilles, l’intensité du tassement se trouve réduite dans les 30 premiers centimètres mais, au-delà, on ne note aucune différence significative.

Les résultats présentés dans cet article sont issus du projet Sol-D’Phy et disponibles sur le site d’AgroTransfert Ressources et Territoires : http://www.agro-transfert-rt.org/projets/sol-dphy/

L’étude des conséquences du tassement

Expérimentations

Dans le cadre du projet J-Distas (AAP Casdar Recherche Technologique), l’ITB a réalisé un essai à Berny-en-Santerre, à l’automne 2019.
Trois modalités ont été observées : trémie pleine, trémie à demi-charge, témoin sans passage de machine. La machine utilisée était une intégrale à deux essieux et elle circulait roue dans roue.

Grâce au marquage GPS des passages de roues à la récolte, un suivi dans le blé suivant la culture de betteraves a également pu être effectué. À la récolte, on a constaté une perte de rendement de 10 % pour la modalité trémie pleine par rapport au témoin non roulé.

L’ITB continue d’étudier les conséquences des tassements des sols à travers le projet Prévibest, lauréat de l’appel à projets « expérimentations, outils et modèles » de FranceAgriMer, qui a débuté en 2020. Celui-ci vise à analyser les impacts des tassements sur les cultures dans une rotation avec de la betterave et également les phénomènes de régénération du sol suite à ces tassements.
Ce projet a pour objectif final de créer un prototype d’outil d’aide à la décision afin d’éviter la formation de tassements lors des interventions de récolte de betteraves. Cet OAD est destiné aux agriculteurs et à leurs conseillers, mais aussi, plus largement, aux différents acteurs impliqués dans les récoltes (ETA, Cuma, services betteraviers des sucreries…). Prévibest est réalisé en partenariat avec Tereos et AgroTransfert.