Les intégrales douze rangs restent encore rares, mais elles devraient prendre progressivement leur place dans le paysage. Sylvain Vincant, cogérant de l’ETA Vincant et fils, à Ansauvillers dans l’Oise, en est convaincu. Il a acheté une Terra Dos T4-40 l’année dernière. « Nous ne sommes que quatre en France pour le moment à utiliser des douze rangs. Vu leur productivité, elles devraient se développer », estime-t-il. Et de citer le record obtenu par cette intégrale avec 85 ha récoltés en 24 heures en 2015.

L’entrepreneur picard, qui utilise neuf intégrales Holmer six rangs, vise un doublement du plan de charge pour sa douze rangs. Chacune de ses deux Terra Dos T3 récolte 550 ha/an (elles commencent un peu plus tard dans la saison). Les quatre Terra Dos T4 avalent 650 à 700 ha. Avec sa douze rangs, il espère arracher entre 1 000 et 1 200 ha par an. « Cela va faire comme pour les barres de coupe de moissonneuses-batteuses, prévoit le gérant. Au départ 6 mètres paraissaient énormes, maintenant nous allons jusqu’à 10 mètres ». Son coût de 660 000 € est à comparer au coût d’une six rangs de 510 000 €.

La Terra Dos T4-40 impressionne avec son un bâti arracheur de 5,40 mètres. Les déplacements sur route s’effectuent avec un chariot suiveur derrière l’intégrale. L’inter-rang des socs oscillants (45 cm) est fixe. La machine possède trois essieux moteurs. Son déplacement en crabe répartit le poids. Elle ne passe que sur neuf rangs et laisse trois rangs vierges de tout tassement.

Sylvain Vincant apprécie le suivi de la hauteur d’effeuillage sans roues et sur suspension hydraulique. Chaque rang peut être géré d’une manière indépendante pour la hauteur du scalpage et celle de l’arrachage. Et ce, automatiquement ou manuellement. « Un élément sur le scalpeur donne l’impulsion à l’élément arracheur grâce au système Easy Lift. Cela fonctionne vraiment bien avec les grosses betteraves, un peu moins avec sur les petites », explique-t-il.

Trémie de 30 tonnes

La plateforme de nettoyage compte sept rouleaux. Puis les betteraves passent sur trois turbines. Un circuit identique à celui d’une six rangs. Ce point qui interroge quant à l’efficacité du nettoyage des racines n’ennuie pas l’entrepreneur. « Tout est fait avant pour limiter la tare terre, affirme-t-il. Et de citer l’argument d’Holmer : un terrage d’un centimètre de trop, c’est 100 tonnes de terre par hectare remuées en trop et à gérer par la suite ». La trémie de 45 m3, soit 30 tonnes, contre 30 m3 pour les six rangs, se décharge en 50 secondes. Dès que l’arrière du réservoir est rempli, la partie arrière de la vis se désactive pour ne pas abîmer les betteraves.

La vitesse d’avancement atteint cette année à 6,5 à 7 km/h. Mais avec un rendement autour 50 t/ha. « Nous sommes plutôt à 5 à 5,5 km/h en année normale », pondère l’entrepreneur.
Et qu’en pensent les planteurs ? « Au début, beaucoup doutaient. Mais une fois qu’ils ont essayé, ils ne veulent plus changer », se félicite le dirigeant. Bien sûr, il faut deux bennes pour débarder. Mais la vitesse des chantiers fait qu’ils peuvent plus vite semer leur blé. »

L’ETA Vincant est convaincue. Si les emblavements de betteraves restent constants, elle envisage l’achat d’une seconde douze rangs, mais cette fois-ci avec deux bâtis, un de 45 cm et un de 50 cm. Elle remplacerait deux de six rangs. Ce qui, selon l’entrepreneur, permettra de maintenir les prix à 240 €/ha l’arrachage, et 50 €/ha de plus pour le débardage.

Trois générations passionnées de betteraves

Créée en 1973 par Jean-Claude, la Sarl Vincant et Fils à Ansauvillers (Oise) accueille en 1995 Sylvain et Thierry. Ils remplacent progressivement les trois Matrot 41 par des intégrales Holmer. En 2019, date de l’arrivée de Baptiste, ils investissent en plus de leurs huit intégrales dans une T4-40. Comme si le progrès technique accompagnait l’arrivée de nouvelles générations. La SARL arrache 6 500 ha de betteraves: 4 000 pour Tereos et 2 500 pour Saint-Louis. La zone d’arrachage va de Crépy-Valois, Roissy jusqu’à Albert. Les surfaces des 350 à 400 planteurs clients varient de 2 à 200 ha de betteraves. « Une telle zone permet d’être plus réactif, pointe Sylvain, en charge de l’activité betteraves. En cas de pluie sur un territoire, nous pouvons continuer à travailler ailleurs ».

L’entreprise poursuit une croissance annuelle de 3 à 5 % par an. « Les planteurs qui récoltent avec leur propre matériel, souvent une automotrice, ne le remplacent pas et font appel à nous », constate l’entrepreneur.

Pour son matériel, la firme reste fidèle à Holmer. Si avant l’ETA renouvelait ses machines tous les 3 ou 4 ans, la durée augmente vu l’incertitude de la filière. La plus vieille intégrale a 7 ans. Le parc se compose de deux intégrales Holmer Terrados T3 de 2013 et six Terrados T4 (deux de 2016, deux de 2017 et deux de 2018). La T4.40 12 rangs date de 2019. Quant aux deux vieilles Matrot 41, elles arrachent 120 ha de betteraves fourragères.

Chaque machine est attitrée à un chauffeur. Quatorze personnes conduisent les intégrales et les chauffeurs des ensileuses viennent en renfort dès la fin de la récolte du maïs. Les horaires habituels vont de 7 h à 19 h, les salariés ne travaillant normalement pas la nuit, ni le week-end. Ceci afin d’avoir une marge de rattrapage.