Historiquement, la larve du hanneton ou « ver blanc » été citée parmi les ravageurs souterrains de la betterave. Ainsi en témoigne une « célèbre » lutte collective sur plus de 30 000 hectares dans le Vexin, organisée par la profession et les pouvoirs publics en 1949, dans l’Eure. Les protections insecticides disponibles dans les années qui suivirent ont permis d’éradiquer ce ravageur sur l’ensemble des régions betteravières. Lors de la mise en culture de la Champagne grâce à l’introduction de la culture de la luzerne, il était courant d’avoir recours aux traitements généralisés du sol pour limiter les ravageurs souterrains tels que taupins et « vers blancs », occasionnant des préjudices aux racines des cultures qui allaient y succéder.

En 2010, le secteur de Châlons-en-Champagne fut le premier à signaler des dégâts, avant que quelques foyers soient identifiés dans le Nogentais, à l’ouest de Troyes. Depuis, de nouveaux préjudices à Fère-Champenoise, ainsi que dans l’Aisne sur le secteur du Laonnois, sont recensés.

Deux espèces de hannetons (coléoptères) sont identifiées dans les parcelles :

  le hanneton commun, présentant une grosse larve dodue blanchâtre mesurant jusqu’à 45 mm, de forme arquée avec la particularité d’effectuer son cycle de développement en trente-six mois sur quatre années civiles. La larve va migrer de la surface du sol, pour assurer son alimentation, à plus de 50 cm de profondeur afin de maintenir sa survie au cours de l’hiver.

  le hanneton dit de la Saint-Jean, de plus petite taille (larve de 25 mm maximum) et réalisant son cycle en deux ans, généralement à proximité des habitats et vergers.

Avec le réchauffement du sol, les larves de ces coléoptères remontent pour s’alimenter en rongeant les racines et les tubercules ; elles épuisent les cultures ou provoquent leur destruction. Les parcelles à préjudices sont souvent identifiées par la présence de nombreux corbeaux qui, ayant repéré les betteraves parasitées, ont l’habitude d’extraire les plantules à la recherche des larves. Les dégâts se situent entre 10 et 15 cm sous terre. Les betteraves les moins affectées peuvent présenter des vestiges de morsures à 20 cm et plus sous le collet, les rendant vulnérables en période de stress hydrique.

Les hannetons adultes se déplacent en lisières de bois, de haies et de vergers pour s’alimenter dès le crépuscule, où ils peuvent provoquer une défoliation du milieu. Toutefois, ils pondent dans des milieux « enherbés » ; aussi, il est fréquent de constater leur présence dans les rotations incluant des porte-graines (graminées mais aussi légumineuses…) ou des prairies temporaires.

Sensibles aux chocs et à la déshydratation, les larves peuvent être contrôlées l’été, en période d’interculture, alors qu’elles ont rejoint la couche superficielle du sol pour s’alimenter de jeunes racines. Ainsi, le travail du sol en profondeur, comme le labour, aura pour effet d’exposer les larves au soleil mais aussi aux prédateurs (oiseaux, petits mammifères…).

CE QU’IL FAUT RETENIR

Aucune solution insecticide autorisée n’est efficace sur les « vers blancs ».

Le binage est souvent insuffisant car trop superficiel pour détruire les larves en profondeur.

Le ressemis est inefficace : tant que les larves sont présentent dans le sol, les dégâts réapparaîtront.

Privilégier le travail du sol sans négliger le labour pour une destruction mécanique des larves.

Eviter de cultiver la betterave juste après un porte-graines afin de bénéficier d’intercultures longues propices au travail du sol.

Ces coléoptères semblent sensibles à certains types de biocontrôles (champignons, bactéries, nématodes,…). Des pistes sont à explorer notamment par l’introduction d’espèces « endophytées » lors de l’interculture.