Les premiers chiffres sur les dégâts causés par les épisodes de gel sur le colza et leurs conséquences financières ont été estimés à l’occasion d’une conférence de presse du nouveau bureau de la Fédération des oléoprotéagineux, qui a reconduit Arnaud Rousseau à sa présidence, le 14 avril dernier. Entre 50 000 et 100 000 ha ont été touchés, principalement dans le Centre-Val de Loire, la Bourgogne-Franche-Comté, mais aussi dans le Sud-Ouest et en Normandie. Soit environ 10 % de la surface emblavée, estimée à 950 000 ha, 50 000 ha ayant déjà dû être “retournés” sur le million d’hectares semés en début de saison, pour diverses causes telles que les attaques d’insectes.

Les conséquences financières sont évidemment très importantes. « Nous avons transmis au ministère de l’Agriculture qui nous a sollicités une estimation de 120 à 200 M€ », révèle Gilles Robillard, président de Terres Inovia, l’Institut technique des huiles et protéines, et producteur dans l’Yonne. « Mais nous attendons les prochaines semaines et nous ne sommes pas à l’abri de mauvaises surprises. Le colza peut repartir, mais le gel a aussi touché des plantes déjà fragilisées par des piqûres d’insectes auparavant ; des parcelles restent en grande souffrance. L’épisode de gel montre aussi que l’obligation de renoncer à des moyens de protection des plantes fragilise les cultures quand nous subissons des épisodes de gel comme celui que nous venons de connaître ». Une double peine, en quelque sorte.

Et, financièrement, les producteurs sont pratiquement sans filet de sécurité. Seuls ceux qui ont contracté une assurance peuvent prétendre à des indemnités, mais à condition que la récolte soit détruite à plus de 30 %, ce qui n’est pas le cas. Toutefois, le Premier ministre, relayé par le ministre de l’Agriculture, a indiqué publiquement que l’État viendra en aide aux producteurs touchés, le ministre de l’Agriculture ayant même parlé de « plus grande catastrophe économique du siècle ». Il a annoncé la mise en place du régime de calamité agricole, et une feuille de route des mécanismes de soutien. « Nous suivons ce dossier de très près », a précisé Gilles Robillard.

Mais l’épisode de gel n’est qu’un des défis que doit relever le nouveau bureau de la Fop, qui a du pain sur la planche. Il faut relancer la production de colza, en berne, défendre les aides aux grandes cultures dans le cadre de la PAC, alors qu’elles sont déjà inférieures de 30 % à la moyenne des exploitations, s’inscrire dans le plan protéines doté de 100 M€ pour réduire la dépendance aux importations, obtenir le droit de bénéficier des meilleures technologies pour les semences, ou pour les produits phytosanitaires quand les cultures l’exigent. « Dans certaines régions, il est impossible de produire du colza sans protection des plantes », rappelle Arnaud Rousseau. Mais il indique avoir la chance d’être accompagné d’un bureau « très aguerri » pour faire face à toutes ces problématiques.