Inquiètes des conséquences du projet d’arrêté pour l’utilisation dérogatoire de semences de betteraves traitées aux néonicotinoïdes (NNI) sur les surfaces de betteraves, mais aussi de colza et de maïs, les filières grandes cultures ont demandé des aménagements. En effet, le projet d’arrêté définissait des rotations très contraignantes pour les agriculteurs. Dans ce projet, le colza ne pouvait être semé qu’à partir de l’année N+3 et le maïs en N+2 suivant une culture de betteraves traitée aux NNI (voir BF 1122 p 26). Les filières agricoles ont donc demandé d’avancer d’un an la possibilité de semer du maïs et du colza. Elles ont proposé en contrepartie des mesures d’atténuation additionnelles.

Pour cultiver du maïs l’année suivant la culture de betteraves traitées aux néonicotinoïdes, la filière propose de semer en 2021 des betteraves non traitées NNI sur tout le périmètre des parcelles, sur une largeur de 18 rangs de betteraves (minimum 8 m). Des travaux d’Arvalis-Institut du Végétal, du CNRS et de l’université de La Rochelle ont montré que 80 % des abeilles visitant un champ de maïs sont ainsi observées sur ces 11 premiers rangs, correspondant aux 8 premiers mètres du pourtour du champ. L’objectif recherché est de prévenir un contact potentiel des abeilles en année N+1 avec d’éventuels résidus de néonicotinoïdes suivant une betterave traitée en année N.

Pour le colza, Terres Inovia propose de consacrer une surface indemne de tout historique NNI à hauteur de 10 % de la sole de colza qui succède, en année N+2, à une betterave traitée. Cette surface de colza serait composée de 50 % d’une variété beaucoup plus précoce à floraison et de 50 % d’une variété classique. L’intérêt de ce mélange serait de fournir une ressource indemne de résidus de NNI, suffisamment précoce pour attirer et fidéliser les abeilles, les détournant ainsi partiellement des parcelles de colza ayant un précédent (en N-2) de betteraves traitées aux néonicotinoïdes.