« Les plants de qualité et la génétique apparaissent aujourd’hui comme des leviers essentiels pour aller vers une production de pommes de terre sans phytos. Les producteurs de plants en ont pris la pleine mesure et financent la recherche dans ce sens », relevait Bernard Quéré, directeur de la FN3PT lors de la conférence Innoplant. La France produit aujourd’hui 600 000 tonnes de plants, ce qui en fait le 2ème producteur et exportateur mondial. Cette production s’appuie sur un réseau de 800 producteurs et de 60 collecteurs de plants ainsi que sur une organisation du contrôle et de la surveillance des maladies. « Il faut aller plus loin en travaillant sur l’acceptabilité des variétés de demain et continuer à produire du plant dans de bonnes conditions. C’est tout un travail de filière « farm to fork » qui est à enclencher », ajoute Bernard Quéré.

Viser le rhizoctone

Même si les plants ont une bonne qualité visuelle, les variétés destinées au marché du frais nécessitent un traitement préventif. Trois maladies transmissibles par le plant doivent être évitées : le rhizoctone, la dartrose et, accessoirement, la gale argentée. Avant tout, ces parasites altèrent la qualité visuelle des tubercules. Le rhizoctone brun peut aussi provoquer des retards à la levée, qui se traduisent par des pertes précoces de rendement. Pour un débouché féculier ou de pommes de terre transformées, le rhizoctone brun reste la maladie centrale à contrôler. Si les plants sont indemnes de ce parasite, une impasse sur le traitement est possible pour ces créneaux de marché.

La panoplie des produits fongicides autorisés se rétrécit depuis deux ans. En effet, Bayer a décidé d’arrêter la commercialisation de ses produits Monceren Pro, Monceren P et Monceren L, à base de pencycuron, substance active dont la limite maximale de résidus (LMR) est en cours de révision dans l’Union européenne. En 2021, il reste donc quatre solutions utilisables directement sur les plants Celest 100 FS, Iota P, Oscar WG, Rialto. Il faut y ajouter deux solutions applicables dans la raie de semis : les produits à base d’Az (Amistar) et le Sercadis.

Protection du plant : 95 % d’efficacité

Le traitement direct des plants offre en général une haute efficacité, évaluée à 95 %. Arvalis observe une grande régularité pluriannuelle des traitements à base de flutolanil (Rialto, Iota P, Oscar WG) et du fluxapyroxad (Sercadis). Avec l’arrêt du Monceren appliqué en poudre, la plupart des solutions restantes s’appliquent sous forme liquide sur une table à rouleaux. Le guide des bonnes pratiques d’Arvalis détaille les précautions d’usage pour une protection par pulvérisation. À savoir : traiter des tubercules secs, n’ayant pas germé au stade point blanc et opérer à une température minimum de 8°C. Après l’application, il faut éviter la condensation sur les plants et dans les caisses. Le poudrage reste encore pratiqué avec le Iota P. Ce produit est mis en œuvre directement sur la planteuse ou dans la benne contenant les plants avant le chargement. Un matériel spécifique permet de diminuer les poussières et les risques d’exposition pour l’opérateur, qui doit porter gants et masque de protection.

Traiter la raie de semis, si nécessaire

Lorsque le sol d’une parcelle est contaminé par le rhizoctone brun ou la dartrose, un traitement du sol en raie de plantation apporte une sécurité. Il existe deux solutions conventionnelles : Amistar et Sercadis. Pour ces applications, le niveau d’efficacité reste un peu inférieur à une application directe sur le plant. Lorsque le rhizoctone est présent à la fois dans la parcelle et sur les plants, la double protection s’impose. Les traitements appliqués dans la raie de semis nécessitent de s’équiper d’un système de pulvérisation des buses placé sous la planteuse. Différents kits sont déjà proposés par les concessionnaires, avec une buse placée derrière le soc ouvreur et une ou deux autres buses devant les disques de recouvrement. Le but est de former une zone saine autour du plant, sans traiter ce dernier. L’équipement exige donc un réglage précis pour répartir le produit sur une largeur allant de 15 à 25 cm derrière le soc ouvreur, en appliquant un tiers de la dose de produit. La hauteur conseillée entre la buse et le sol se situe entre 15 et 20 cm pour éviter les risques de bouchage. Les autres buses situées devant les disques doivent couvrir une largeur de sol totale de 30 à 40 cm, avec une distance au sol de 20 à 30 cm. Elles sont réglées pour appliquer les deux tiers de la dose de produit au recouvrement.

Méthodes de traitement des plans de pommes de terre

Traitements des plants avant plantation / dose / cible

Celest 100 FS (0,25 l/t) : rhizoctone brun, gale argentée

Iota P (2 kg/t) : rhizoctone brun

Oscar WG (1kg/t) : rhizoctone brun, gale argentée
Rialto (0,18 l/t) : rhizoctone brun
Sercadis (0,2 l/t) : rhizoctone brun, gale argentée

Traitement dans la raie de semis

Amistar (3 l/ha) : rhizoctone brun, dartrose

Sercadis (0,8 l/t) : rhizoctone brun, gale argentée

Traitement de conservation des plants

Diabolo (0,15 l/t) : fusarium, gale argentée

Source : Arvalis et fabricants