Pourquoi ne pas opter pour un transbordeur qui limite les attentes de la moissonneuse-batteuse, réduit le tassement du sol (avec de gros pneus) avant de le recycler, hors saison, en ravitailleur d’engrais et de semence aux semis ? « Ces arguments se tiennent », affirme Guillaume Pérard, dirigeant de la société du même nom, qui construit ces machines à Verdun (Meuse). L’entreprise lorraine propose deux familles de transbordeurs : Interbenne et X-Flow. Les premiers (quatre modèles) se distinguent par leur polyvalence, avec des capacités de 27, 38, 46 et maintenant 52 m3 depuis quelques mois. La polyvalence des Interbenne s’explique par les positions multiples de la vis, entre une ouverture et une fermeture complètes. Le déport peut être important entre la caisse du transbordeur et la vis ouverte, « pour vidanger la récolte dans un camion situé de l’autre côté du fossé qui sépare la route de la parcelle », cite en exemple Guillaume Pérard. Dans un autre contexte, la machine sera tout autant à l’aise « pour remplir la trémie d’un semoir à une faible hauteur de déchargement ». Il faut trois minutes pour vidanger un Interbenne de 27 m3 et une minute pour un 46 m3. La remorque d’un camion de trente tonnes se remplit en totalité avec un 46 m3 ; un peu moins avec un 38 m3. Rien n’empêche de cheniller les transbordeurs mais, pour des raisons de coût, le pneumatique sur des essieux tandem (uniquement sur le 27 m3) ou tridem demeure la monte dominante. Il est d’ailleurs possible d’utiliser des gommes de grande largeur pour le plus grand bien de la parcelle, en l’occurrence des 710 / 50 R 26,5 ou des 750 / 60 R 30,5. Parmi leurs caractéristiques, les Interbenne de 38 et 46 m3 – largeur de caisse de 2,54 m et PTAC de 32 t (poids total autorisé en charge) – affichent, respectivement, une hauteur de vidange de 2 m à 4,30 m et de 1,10 m à 4,50 m, et une vis d’un diamètre de 500 et 700 mm. La vitesse de vidange en une heure peut atteindre 500 t pour la 38 m3 et jusqu’à 2 000 t avec la 46 m3. Quant au plus petit (27 m3) des Interbenne, il présente les mêmes caractéristiques de largeur de caisse, de vis et de hauteur de vidange que le 38 m3, excepté un PTAC de 24 t. Pour le reste, ces transbordeurs sont tous dotés d’une vidange multi-positions, arrière, et d’un système de pesée qui demeure une option.

Les Vario de Fliegl

Chez Fliegl, la patience est d’actualité. Le constructeur bavarois attend cette année l’homologation européenne qui permettra à ses transbordeurs de rouler selon les nouvelles normes de sécurité en vigueur dans l’UE. Le règlement 167/2013 ou « Mother Regulation » impose un double freinage sur les machines. « Nous l’attendons pour nos ULW », confirme Mathieu Hittinger, commercial dans la filiale française de Fliegl. Les transbordeurs, appelés aussi Vario par le fabricant, comptent cinq modèles de capacité de charge de 20 à 45 m3. « Ils sont Vario pour la possibilité d’écarter la partie haute de la caisse au champ et de la verrouiller hydrauliquement. On agrandit en quelque sorte l’entonnoir au moment de la vidange de la moissonneuse-batteuse. Puis on le referme pour revenir au gabarit routier », explique Mathieu Hittinger. Dans le détail, mis à part le modèle de 20 m3, tous les transbordeurs opèrent avec une vis de 400 mm de diamètre qui décharge à 4,30 m de hauteur, à raison de 7,5 t / minute – option à 10 t avec une vis de 500 mm pour les ULW de 40 et 45 m3. Fliegl propose un châssis tandem sur le 30 m3 et un tridem sur les 40 et 45 m3. De nombreuses options sont disponibles comme une bâche enroulable et un essieu directeur arrière sur les tandems et les tridems. Les transbordeurs sont chaussés, de série, de pneumatiques de 600 / 55-26,5 16 PR (ULW 30 et 40) et de 650 / 55 R 26,5 (ULW 45). Mais des montes optionnelles sont proposées : 650 / 55 R 26,5 ou 710 / 50 R 26,5 pour les ULW 30 et 40 ; 710 / 50 R 26,5 pour le 45. Également en option, le constructeur équipe ses machines d’une pesée (Fliegl Weight System) au format Isobus, couplable avec son dispositif de suivi de la chaîne de transport (Tracker).

« Faire le lien entre le champ et le camion »

Responsable d’exploitation des silos de collecte de la Coopérative agricole de céréales (CAC), à Colmar (Haut-Rhin), Nicolas Kress utilise une remorque à fond poussant ASW 391 de Fliegl équipée d’une vis de transbordement de 400 mm de diamètre. « Nous l’avons choisie pour remplacer le système de la plateforme de collecte au centre du village », explique Nicolas Kress. Mais c’est aussi la taille réduite des parcelles, des sols limoneux-argileux et des chemins peu praticables qui ont dicté le choix de ce matériel. À cela s’est ajouté un PTAC de 34 t, intéressant sur la route. « À la moisson, la batteuse vidange sa trémie dans la 391 stationnée en bord de champ. Une fois pleine, elle rejoint le semi-remorque de 30 t là où il se trouve. Il arrive aussi qu’elle serve de tampon, près d’une route, dans l’attente du camion », détaille Nicolas Kress. « En fait, nous ne sommes pas dans une configuration classique d’optimisation de la batteuse en mode non-stop avec le soutien d’un véritable transbordeur. Plutôt dans un lien efficace entre le champ et le camion qui doit transporter la récolte ».