L’été prochain, la hausse de la production européenne de céréales sera d’abord française. Selon Coceral, le comité européen des négociants en céréales et en aliments pour animaux, les vingt-sept pays membres de l’Union européenne pourraient récolter 283,5 millions de tonnes (Mt) de grains, soit 5 Mt de plus que l’été passé. Mais en produisant 67 Mt, la France en récolterait près de 10 Mt de plus que l’an passé. Autrement dit, notre pays compenserait largement les baisses des productions de grains (orges, seigle, avoine entre autres) escomptées dans certains pays européens.

Le Coceral évalue à 127 Mt la production de blé tendre des vingt-sept, soit 9,6 Mt de plus que l’été passé. À elle seule, la France aurait les moyens d’engranger 35,9 Mt, soit 6,9 Mt de plus que cette année.

Si aucun accident climatique ne survient, 12,9 Mt d’orge d’hiver (10,3 Mt en 2020) et 4,6 Mt d’orge de printemps (3,9 Mt) seraient aussi moissonnées. Par ailleurs, 1,5 Mt de blé dur pourrait être récolté (+ 230 000 t sur un an). Et à la fin de l’été, Coceral mise aussi sur des productions de maïs et de sorgho de 14,2 Mt et de 0,58 Mt.

La prochaine récolte est d’autant plus attendue que la conjoncture des prix s’annonce durablement favorable. Elle profiterait enfin aux céréaliers français. Car pour le moment, la France racle ses fonds de silos pour achever sa campagne d’exportation.

À 5 mois de la fin de campagne…

Depuis le 1er juillet 2020, notre pays aurait vendu, en sept mois de campagne, 3,28 Mt de blé à ses voisins européens sur les 5,8 Mt programmées d’ici la fin du mois de juin prochain et 5,65 Mt hors de l’Union européenne sur les 7,4 Mt envisagées. La Chine en a déjà importé 1,6 Mt, l’Algérie 1,4 Mt et le Maroc 0,6 Mt (Source FranceAgriMer).

Pour l’orge, le bilan commercial provisoire est le suivant : 1,35 Mt au sein de l’UE et 2,5 Mt à l’extérieur, notamment en Chine (2,3 Mt). Or, les objectifs de la campagne sont respectivement de 2,5 Mt et 3,2 Mt.

….L’hémisphère sud prend le relais

Sur les 3,7 Mt de maïs exportables, 2,4 Mt sont déjà vendues à l’Espagne (0,7 Mt), aux Pays-Bas (0,6 Mt) et en Belgique (0,4 Mt). Hors de l’UE, les ventes portent sur 0,35 Mt, soit les deux tiers des objectifs de la campagne.

Enfin, 383 000 t de blé dur ont été expédiées en Italie, aux Pays-Bas et en Belgique alors qu’hors de l’UE, les ventes portent sur 113 000 t (objectif de campagne de 220 000 t).

Dans son dernier rapport, le ministère américain de l’Agriculture (USDA) souligne, en cette fin d’été austral, l’approvisionnement massif des marchés céréaliers par des pays de l’hémisphère sud, en retrait l’an passé.
Mais au sud de l’équateur, La Niña fait aussi des heureux ! Pour le blé, l’Australie abondera les marchés en exportant 19 Mt de blé et 6 Mt d’orges grâce à ses productions records de blé (33 Mt) et d’orges (13 Mt) revues en nette hausse (+ 5 Mt en un mois).

Pour le maïs, l’Afrique du Sud récolterait 17 Mt (+ 1,2 Mt sur un an, + 7 %) tandis que l’Indonésie est en voie de réitérer l’exploit de l’an passé (12,1 Mt). En réalité, sa production est étalée tout au long de l’année sur trois cycles avec des récoltes attendues en avril, août et décembre, en fonction des saisons des pluies sur les différentes îles.

La Turquie, un cas à part

La production turque de blé (17 Mt à 22 Mt) subvient aux besoins des 80 millions de Turcs. Mais pour exporter chaque année de 7,5 Mt – en équivalent en grains – de farine, de pâtes et de boulgour, la Turquie importe 9,7 Mt de blé dur et de blé tendre. L’Irak, la Syrie et la Libye, incapables de produire leur propre farine, après des années de conflit, l’importent de Turquie.

Le pays fait ainsi partie des cinq principaux pays importateurs de la planète. Il s’approvisionne dans le bassin de la mer Noire (Russie, Roumanie et Ukraine notamment).

Pour être compétitifs, « les industriels ont la possibilité d’acheter leurs matières premières au prix du marché mondial sans être soumis à des droits de douane, à condition de réexporter les produits après transformation », explique FranceAgriMer.