Les problèmes de sélectivité rencontrés avec les désherbants d’Adama concernent plusieurs milliers d’hectares de betteraves. En fait trois produits sont concernés : le Goltix Duo et le Tornado Combi d’une part et le Marquis d’autre part.

Tout commence début mai avec le Goltix Duo et le Tornado Combi. Des analyses ont été effectuées et transmises à la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL). Les premiers résultats montrent qu’il n’y aurait ni risque environnemental ni risque sanitaire, c’est pourquoi les services du ministère de l’Agriculture n’ont pas demandé la destruction des cultures touchées.

L’application de ces produits défectueux a pu conduire à un retard dans la croissance des betteraves de 3 à 4 semaines, mais la grande question pour les industriels réside dans le risque de transformer des betteraves qui auraient été traitées avec des produits non conformes à la réglementation. Les pouvoirs publics ont indiqué qu’il était de la responsabilité des opérateurs économiques de s’assurer que les betteraves concernées et les produits issus de leur transformation respectent la réglementation en matière de résidus. La filière va donc mettre en place, avec l’appui d’Adama, un vaste plan de contrôle en prélevant des échantillons sur un grand nombre de parcelles concernées en vue d’analyser l’éventuelle présence de résidus avant la transformation des betteraves.

Un autre problème a été identifié concomitamment avec le Marquis, autre herbicide fabriqué par l’entreprise Adama : les symptômes sont plus ou moins visibles, allant d’une absence totale à des parcelles grillées. Or, pour ce produit, les molécules incriminées ne sont pas encore clairement connues et des analyses devront clarifier la situation dans les prochaines semaines pour les betteraves concernées.

Les agriculteurs sont donc exposés à un double risque : une perte de rendement et une perte potentielle de valorisation du fait des incertitudes sur le caractère marchand des betteraves. Pour s’en prémunir, ils doivent absolument faire une déclaration auprès de leur assureur en cas d’utilisation des lots défectueux des trois produits concernés.

La CGB assure qu’elle est « pleinement mobilisée pour recenser l’ensemble des agriculteurs concernés, trouver des solutions responsables pour valoriser les betteraves dans le strict respect de la réglementation et établir un protocole d’indemnisation avec toutes les parties prenantes ».

Adama s’engage à agir « de manière responsable et transparente »

Contactée par le Betteravier français, la société Adama a déclaré s’engager « à agir de manière responsable et transparente pour accompagner les acteurs de la filière et tous les agriculteurs concernés, au plus vite ». La société a transmis quelques informations :

Pour le Goltix Duo, « la non-conformité des 6 lots est due à la présence de DFF – diflufenican – un herbicide largement utilisé sur céréales et pommes de terre. L’origine externe de cette présence de DFF est en cours d’investigations. Le 27 mai, les teneurs en DFF dans les 6 lots ont été communiquées à la direction générale de l’alimentation (DGAL). En parallèle, tous les lots concernés ont fait l’objet d’un rappel. Adama France est entrée en contact avec les principaux acteurs de la filière et collabore avec eux pour régler cette situation dans les meilleures conditions. À ce jour, Adama a eu des remontées touchant une surface d’environ 7 500 hectares. Adama France maintient sa recommandation de poursuivre l’itinéraire technique des cultures de betteraves sucrières sur les parcelles qui ont été traitées avec ces produits. Des analyses de résidus sur betteraves sont en cours de réalisation pour sécuriser les récoltes ».

Pour le Marquis,« des investigations internes sont en cours pour déterminer l’origine de ces désordres. A ce jour, la contamination se serait produite accidentellement sur la chaîne de conditionnement du produit. Des experts sont en train de réaliser des visites de parcelles pour constater ces désordres. Parallèlement, un plan d’analyse des produits restants et des résidus sur les feuilles, le sol et les racines est en cours de réalisation par Adama France. Dès la réception de l’ensemble des résultats d’analyse, des mesures d’accompagnement seront prises par Adama France ».