Tous les gestionnaires de territoires le constatent : le renard grouille. Il sort des bois, s’installe dans les banlieues et les parcs publics. Il n’est pas rare de le voir s’aventurer au cœur des grandes agglomérations (un cadavre a été retrouvé place Dauphine à Paris). Les raisons de cette expansion sont nombreuses : élevages de gibier ou de poulets, moins de piégeages, moins de chasseurs, abondance de petits rongeurs, augmentation des zones urbanisées et donc protégées.

Doté d’une fourrure flamboyante, ce petit carnivore ne passe pas inaperçu quand il se promène pendant la journée. Toutefois, en règle générale, il préfère marauder au crépuscule. Pour un renard observé de jour, dix sont au repos dans leur terrier.

En moyenne, les adultes mesurent de 35 à 40 cm de haut au garrot et 58 à 90 cm de longueur sans la queue, qui mesure elle entre 32 et 49 cm, soit plus de la moitié de leur corps. Ils pèsent entre 2,2 et 10 kg, avec une moyenne de 7 kg pour un mâle adulte, les femelles étant généralement 15 à 20 % moins lourdes. L’espérance de vie tourne autour de deux à trois ans. Les portées vont de 3 à 9 petits renardeaux.

Le renard roux est omnivore. Il consomme en moyenne 300 à 600 g de nourriture par jour. Son alimentation, très variée, dépend de l’habitat et de la saison.

Il a une préférence pour les campagnols et, à ce titre, c’est un allié des agriculteurs. Mais c’est aussi un animal opportuniste comme le montre sa remarquable acclimatation au milieu urbain. En effet, il vient volontiers fouiller dans les poubelles. Et, sur les territoires de chasse où l’on acclimate des perdrix ou des faisans, le goupil se sert largement. Il se régale aussi des canetons et même des canards éjointés qu’il trouve sur les bords d’une mare de hutte. Comme tous les prédateurs, il va à la facilité et ne se fatiguera pas à chercher ailleurs s’il trouve des proies nonchalantes.

« Mignon »

L’animal a longtemps figuré sur la liste des animaux nuisibles avant d’être reclassé en « animal susceptible d’être nuisible ». La raison ? Une offensive de certaines associations qui, sans relâche, font le siège des tribunaux. Le renard est devenu leur porte-flambeau. Le grand public le trouve, en effet, « mignon ». C’est une vertu suffisante. Dans les bandes dessinées, le goupil, autrefois matois, est devenu « gentil » (Rox et Rouky). C’est un argument supplémentaire. Nous vivons une époque où les animaux ont de plus en plus le statut humain. Récemment, en Gironde, on a mobilisé toute une caserne de pompiers pour sauver un « bébé » phoque. Ce sauvetage a pris au moins autant d’importance dans la presse que si l’on avait sauvé un petit d’homme. Dans ces conditions, qui voudrait faire passer Rox de vie à trépas ?

À la demande de quatre associations, le tribunal administratif de Rouen a ainsi suspendu l’an dernier l’arrêté préfectoral autorisant l’abattage de 1 430 renards en Seine-Maritime.

Classé dans 91 départements comme « espèce susceptible d’occasionner des dégâts », le carnassier était dans le viseur de la préfecture en raison « de son impact sur le petit gibier (en particulier les perdrix), sur les élevages avicoles, ainsi qu’en raison du risque de maladies transmissibles à l’homme (échinococcose, gale) ».

600 000 animaux par an

En dépit des offensives protectionnistes, on continue, pour le moment, à réguler énergiquement. Environ 600 000 animaux seraient prélevés chaque année. On chasse à tir, à la billebaude, au chien courant. On déterre, on piège et, sur autorisation, on peut aussi pratiquer des tirs de nuit. Au crépuscule, en imitant le cri d’un lapereau blessé, on obtient d’excellents résultats.

Outre l’échinococcose (une maladie transmise par les déjections déposées sur la végétation) le renard est aussi le premier vecteur de la rage. Mais cette terrible maladie a été éradiquée en France depuis 1998.

Nous en sommes là. Sur les territoires de chasse, les gestionnaires font ce qu’ils peuvent. Ils constatent qu’en dépit de leurs efforts, le nombre de renards augmente. Comme le sanglier, l’animal s’adapte. Il conquiert de nouveaux territoires où il acquiert de facto la protection. Impossible de le chasser ni de le détruire dans les espaces verts des banlieues, les réserves, les parcs et jardins publics, les zones constructibles.

Le sanglier, réputé « hirsute, sale, et méchant », inquiète. Le renard ravit : il invite à la caresse. On peut donc en déduire que l’animal « susceptible d’être nuisible » pourrait bien accéder, un jour ou l’autre, à un statut encore plus favorable.