Les surfaces des cultures oléoprotéagineuses bio, qui occupent 201 900 ha, pourraient doubler d’ici la fin de la décennie face à la demande. L’ensemble des régions est concerné par ce basculement. En effet, le prix de vente du colza bio se montre élevé alors que la production française ne couvre que 25 % des besoins actuels pour la production d’huile et de tourteaux AB. Les conversions progressent très vite dans le Grand Est depuis quatre ans. En 2019, 2 600 hectares de colza y sont produits en bio, soit dix fois plus qu’en 2011. Les surfaces de tournesols bio ont été multipliées par cinq. Depuis 9 ans, les oléoprotéagineux bio marquent aussi une nette avancée dans le Grand Est, avec 1 930 ha de pois, 1 900 ha de soja et 700 ha de fèverole récoltés en 2019. Dans les Hauts-de-France, la progression moins marquée se consolide aussi. Les surfaces des colza bio y ont été multipliées par dix entre 2011 et 2019, passant à 877 ha. Les protéagineux bio augmentent un peu plus lentement, avec 415 ha de fèverole bio et 260 ha de pois bio dans les Hauts-de-France en 2019.

Débloquer les verrous techniques

Face à cette conversion, Terres Inovia intensifie ses travaux sur les itinéraires bio, tout en développant ses réseaux et le partage des résultats. En priorité, il s’agit de débloquer plusieurs verrous techniques. Dans le Grand Est, le projet SeColBio vise à sécuriser l’implantation et la conduite du colza biologique. Sur le lin oléagineux, des tests de désherbage sont poursuivis pour maîtriser le salissement. En région Centre, les essais sur pois d’hiver misent sur des associations innovantes avec des céréales. L’autre volet des travaux de l’Institut porte sur l’évaluation des variétés en AB. « En effet, la gestion des maladies passe avant tout par la variété, dans la mesure où il existe peu de produits de biocontrôle disponible. Le port de la plante et sa hauteur sont aussi des points clés dans la gestion des adventices », note Cécile Le Gall de Terres Inovia. Pour l’Institut, la mission consiste à faire un screening en aval des variétés disponibles sur le marché. Une initiative a été lancée sur le soja, avec le projet EcovAB entre 2014 et 2018, piloté par l’ITAB. De son côté, Terres Inovia a réalisé, entre 2017 et 2020, une trentaine d’essais variétés qui ont abouti à des premières synthèses variétales spécifiquement bio en tournesol et soja. Enfin, le programme Cap Protéines, lancé récemment par ministère de l’Agriculture, va permettre de doubler les réseaux d’évaluation pour le soja et le tournesol. Ainsi, des listes de variétés bien adaptées pourront être mises à jour à chaque campagne. Pour diffuser largement ces résultats, Terres Inovia édite déjà trois guides de cultures en bio : le tournesol, le soja et la féverole.