Successeur du FPS, premier trieur optique pour produits non lavés – pommes de terre, oignons, betterave rouge – sorti en 2013, le 3A de Tomra commence une carrière qui devrait le voir à l’œuvre surtout chez des producteurs pour un tri à réception et chez quelques industriels. Selon Grégoire Volpoet, ingénieur des ventes chez le constructeur norvégien, « une dizaine de machines vont tourner en France cet automne ». Il est vrai que l’outil n’est pas banal. Le 3A (pour air) utilise des capteurs multispectraux proches infra-infrarouge (Nir) associés à des Led (diodes électroluminescentes) qui « flashent de la lumière sur le produit ». L’analyse par réflexion et le recours à des algorithmes font le reste. En clair, ils identifient le bon produit et l’indésirable est éjecté par des doigts à la fin de la bande transporteuse (pommes de terre vertes, terre, cailloux, verre, plastique, métal, bois…). En complément, la machine enregistre certaines données et « peut cartographier le lot de pommes de terre », ajoute Grégoire Volpoet. Elle peut même se connecter avec les techniciens du constructeur via un réseau 4 G et un modem. Pour le moment, le trieur optique dont le but est de remplacer le tri manuel et la table de visite dans la chaîne de conditionnement, « accroît sans conteste l’efficacité des opérations dans certaines exploitations ». Mais de là à supprimer totalement le tri manuel ? « Disons qu’il reste parfois une personne en surveillance », tempère Grégoire Volpoet.

65 t en 2h30

Le 3A avec un PowerCombi de Grimme n’a fait qu’une campagne de récolte – de fin août à mi-octobre –, à la SCEA Kerzeven, à Locmélar (Finistère), mais on a déjà un premier ressenti sur la machine. « Avant le Tomra, nous étions quatre trieurs pour passer en une heure 35 à 40 t de plants de pommes de terre. Maintenant deux personnes suffisent : une à la sortie du précalibreur, l’autre sur le tapis de déchets », apprécie Thibaud Oger, associé de la société qui traite 175 ha de tubercules en production dont 45 ha dans le cadre des prestations. « Le trieur optique enlève 90 % de ce qu’il y a à éliminer. Il repère les pierres et la terre dans la verdure. Il voit les vertes sur l’extérieur et à l’intérieur du produit », précise le jeune producteur. Ses performances sont quasi stratosphériques, en tandem avec le PowerCombi. « Ce matin – mi-août, ndlr – nous avons passé 65 tonnes de plants qui contenaient 15 tonnes de terre en 2h30. Le plant n’est jamais lavé. En gros, le trieur peut traiter 50 tonnes / heure de produit tamisé et entre 35 et 40 tonnes de non-tamisé. » Le PowerCombi combine une trémie de réception avec trois séparateurs, le premier avec des rouleaux spires pour la terre friable, les mottes et calibrer les petites pommes de terre. Le second, avec deux rouleaux, pour les séparer de leurs déchets ; le troisième est réservé aux hors-calibre et aux déchets restants, sous l’œil du Tomra.

Quarante photos

Aux établissements Le Roux, spécialisés dans le conditionnement à Plouzévédé (Finistère), le choix s’est porté sur un trieur optique Celox fabriqué par Newtec. En fonction pour sa deuxième campagne, l’appareil fait tourner les pommes de terre sur elles-mêmes pendant qu’une de ses trois caméras photographie quarante fois chacune d’entre elles. Il résulte de cette séance photo la longueur, le diamètre et l’état de la surface du produit examiné sous toutes ses coutures. « La machine effectue 90 à 95 % du tri, indique Xavier Le Roux, dirigeant de l’entreprise. Elle peut passer 5 à 6 tonnes par heure mais assurer jusqu’à 25 tonnes, selon la taille du produit, de 30 à 300 grammes. » Aujourd’hui, la main-d’œuvre se limite à une personne pour un tri, grâce à la machine, qui s’avère d’une « grande finesse », y compris dans le calibrage. Le trieur opère sur quatre sorties de produit, « mais rien ne nous empêche d’en programmer sept. C’est à la demande », précise Xavier Le Roux. Le client reste maître en la matière, en fonction de son cahier des charges.

« Moins de pénibilité au travail »

Olivier Vandaele, producteur de pommes de terre à Pitgam (Nord)

« Sur des lots compliqués à trier, nous étions jusqu’à quatre personnes à la table de tri. Depuis deux campagnes avec le trieur optique de Tomra, nous sommes deux », résume Olivier Vandaele, à la tête de Flandre Pomme de Terre, qui opère sur 70 ha de tubercules – principalement de la rouge export et des variétés fritables. La machine, un Tomra Sentinel, a été installée dans la chaîne de lavage, après le laveur-polisseur, pour retirer le déchet et réduire la pénibilité du travail. « Le trieur repère entre 70 et 90 % de ce qui doit être mis de côté. Le reste est effectué à la main. Le trieur fait bien ce qu’on lui demande de faire, en fonction des réglages qui sont décidés », précise l’agriculteur. Le Tomra est programmé de telle sorte que dans le tri, l’œil humain, « toujours supérieur malgré sa subjectivité », conserve son rôle. Aujourd’hui, il examine entre 7 000 et 10 000 t de pommes de terre par campagne. « Ça nous a permis de soulager le poste de tri qui demeure le plus contraignant de la chaîne de conditionnement. Nos journées de travail sont mieux organisées. Le trieur a réglé le problème de la main-d’œuvre de plus en plus difficile à trouver pour assurer cette tâche », souligne Olivier Vandaele.