En convalescence, la filière pomme de terre française refait surface. Son redressement s’annonce sous les meilleurs auspices !

Elle devrait prochainement bénéficier de deux nouvelles usines de transformation afin de répondre aux aspirations des consommateurs français d’acheter et de manger des frites « made in France » . L’industrie de la frite, de haute gamme et à forte valeur ajoutée, est très appréciée par les Français et à l’export. Deux sociétés belges, Clarebout et Ecofrost, ont l’intention de construire des usines, respectivement à Dunkerque et à Péronne dans les Hauts-de-France, où sont récoltés les deux tiers des tubercules produits en France (4,9 Mt sur 6,7 Mt en 2020).

À ce jour, notre pays exporte 1,7 million de tonnes de pommes de terre en Belgique et aux Pays Bas, sur les 3,1 Mt expédiées vers les pays tiers et elle en réimporte une grande partie sous forme de frites et de pommes de terre cuites sous vide.

En attendant, les planteurs de pommes de terre ont les yeux rivés sur la prochaine campagne 2021-2022.

En France, les recommandations du NEPG, l’organisation européenne des producteurs de pommes de terre de l’Europe du Nord (1), ne semblent pas avoir été suivies. La surface plantée de pommes de terre (154 000 ha) baisse de 3 % sur un an et demeure supérieure de 5,7 % par rapport à la moyenne 2016-2020.

L’hiver dernier, l’organisation européenne avait déclaré que les planteurs de pommes de terre devraient réduire de 15 % leur superficie de pommes de terre afin de ne pas être confrontés à une surproduction.

La demande mondiale se redresse

« La demande mondiale de produits transformés à base de pommes de terre s’était alors effondrée. Depuis le printemps dernier, elle se redresse, explique Bertrand Ouillon directeur du GIPT, l’interprofession de la pomme de terre transformée. Au mois de juin, après deux périodes de confinement, les usines de fabrication tournaient seulement à 85-90 % de leurs capacités de production par rapport à la situation avant la crise sanitaire. »

Pour autant, le pire ne s’est pas produit. À la fin du mois de juin dernier, le prix des pommes de terre sur le marché libre était inférieur d’un tiers aux prix contractualisés. Les industriels avaient en effet suffisamment de pommes de terre en stock pour ne pas avoir besoin de faire appel au marché libre pour s’approvisionner compte tenu de leur niveau d’activité.

L’activité économique était bien meilleure au début du printemps dernier que durant la première période de confinement décrétée en mars 2020. Les restaurants en vente directe et les livraisons à domicile de plats préparés ont, en grande partie, compensé les baisses d’activité dans les salles de restaurant. Une chaîne d’hamburgers aurait réalisé 75 % du chiffre d’affaires habituel lors du deuxième confinement.

Depuis le début du mois de juin et les réouvertures des restaurants, l’activité de transformation s’est accélérée même si les usines ne tournent pas encore 7 jours sur 7.

Et puis, moins de pommes de terre ont été importées pour approvisionner le marché français qui s’est replié sur lui-même. En GMS, les consommateurs ont acheté davantage de frites françaises.

Faute de débouchés à l’export, la Belgique et les pays exportateurs majeurs de frites ont été plus affectés par la crise sanitaire et le confinement de l’économie européenne que la France. Mais là encore, la situation se redresse nettement depuis quelques mois. La nouvelle campagne ne débute pas avec des stocks de surgelés invendus.

Un an auparavant, les pommes de terre ne valaient plus rien sur le marché libre ! « Lors du premier confinement, les industriels et les producteurs ont dû recourir à des dégagements en alimentation animale pour près de 200 000 t », rapporte Bertrand Ouillon.

Retour de bâton en 2021

En France, les industriels ont revu leurs contrats dès le mois de février dernier avec des prix nettement en baisse par rapport à 2020 durant la première partie de la campagne 2021-2022.

Aussi, moins d’agriculteurs ont accepté d’en signer car les prix proposés étaient trop faibles. Des planteurs misent sur le marché libre pour mieux vendre leurs pommes de terre.

« Au début de la prochaine campagne, le climat des affaires reposera sur une nouvelle relance de la demande en pommes de terre transformées, affirme le directeur du GIPT. Avant la crise sanitaire, celle-ci croissait chaque année, tirée par l’essor de la restauration hors domicile. »

Sur le marché libre, le niveau des cours des pommes de terre sera le meilleur indicateur d’équilibre du marché de la pomme de terre de conservation.

Ils dépendront autant des rendements des cultures l’automne prochain que de la demande des consommateurs. Mais si la production de pommes de terre était amenée à s’effondrer l’automne prochain, les industriels seraient alors prêts à les payer plus cher.

Toutefois, les contrats signés en février dernier pour la récolte 2021-2022 laissent un goût amer. Ils reposent sur l’analyse d’une situation redoutée qui ne semble pas se concrétiser.

Les prix des contrats sont particulièrement bas pour la première partie de la campagne et sur des quantités plus faibles. Les industriels se donnent la possibilité de s’approvisionner sur le marché libre. A contrario, ils veulent pouvoir compter sur des pommes de terre bien conservées en seconde partie de campagne, aussi sont-ils prêts à mettre le prix pour prendre en compte les coûts plus élevés de conservation générés par la suppression du CIPC.

Note : France, Allemagne, Pays Bas, Belgique