Due à un champignon du sol, la dartrose était détectée ces dernières années principalement en Champagne et dans la région Centre. Cette maladie semble désormais se propager dans la plupart des zones de culture. Sur une centaine de parcelles testées par Arvalis en 2020, 95 % se sont révélées positives à ce champignon présent dans le sol. La dartrose ne frappe pas de la même façon tous les ans. En général, un climat estival chaud favorise la maladie surtout s’il est couplé à l’irrigation. Les sols légers, sablonneux, peu acides, pauvres en azote ou mal drainés sont plus réceptifs à ce champignon (Colletotrichum coccodes). Si les symptômes peuvent apparaître sur les feuilles qui flétrissent, les dommages sont plutôt à redouter sur les tubercules. L’agent est capable d’atteindre tous les organes de la plante. « La perte de rendement peut atteindre -10 à -12 % en cas de forte attaque en végétation. Les symptômes risquent alors d’exploser au moment du défanage », relève Romain Valade, responsable du pôle Maladies et méthodes de lutte d’Arvalis. Six mois plus tard, la dartrose peut apparaître sur des tubercules qui semblaient indemnes lors de la récolte. Car la maladie a la capacité de se développer en une ou deux semaines dans les tissus végétaux. Des taches grises se forment à la surface de la peau, avec des ponctuations noires.

Des plans sains et une rotation longue

La lutte génétique apparaît comme une piste intéressante et des essais de résistance variétale viennent de débuter. Selon Arvalis, ils devraient déboucher à terme sur une grille de risques. En attendant, les mesures de prévention restent indispensables pour freiner la propagation de la dartrose. La première précaution reste le respect d’une rotation longue de 7 ans. Des plants sains et de bonnes conditions de stockage sont aussi recommandés. Car les plants certifiés sont très majoritairement indemnes de maladie. Autre observation : « plus le délai défanage-récolte s’allonge, plus fort est le risque que la dartrose se développe. Et les apports d’eau avant récolte peuvent aussi être de gros facteurs de risque », estime Romain Valade. Une fois le sol d’une parcelle contaminé, les microsclérotes du champignon se conservent sur les tubercules non récoltés. Ils gardent leur pouvoir infectieux au moins deux ans et se maintiennent jusqu’à huit ans dans la terre selon les experts. « Les repousses de pommes de terre entraînent forcément le maintien d’inoculum dans le sol », ajoute Romain Valade. La contamination de la dartrose passe aussi par les déchets de pommes de terre et d’adventices de la même famille (morelle, datura), qu’il faut exporter hors des parcelles. Dans un sol à risque, la seule solution de lutte se base sur une application d’Az (azoxystrobine) à 3l/ha en raie de semis. Son efficacité se situe entre 50 et 90 %, selon les souches du champignon présentes, en veillant à éviter le contact direct entre l’Az et le plant, qui peut causer des retards à la levée. Des solutions de biocontrôle sont aussi testées. S’il existe des pistes, aucune solution « bio » n’est attendue dans l’immédiat. La phase de conservation reste évidemment cruciale pour freiner la maladie des points noirs avant commercialisation. Une température basse, idéalement de 5°C, offre un moyen efficace de limiter la progression de la dartrose durant le stockage.