C’est bien connu : l’accident n’arrive qu’aux autres. « Il n’y a aucune chance », se dit-on, « qu’un animal déboule juste sous mes roues ». Hé bien, quand on roule la nuit, en rase campagne, le risque est loin d’être négligeable.

On dénombre 40 000 collisions par an, c’est près de 110 par jour. Le grand gibier est en pleine forme. Il y a des sangliers, des chevreuils et des cerfs presque partout. Ces animaux se nourrissent principalement la nuit. C’est à ce moment qu’ils sortent volontiers du bois pour aller en plaine. J’ai été personnellement témoin d’un drame. Il y a une vingtaine d’années, un beau soir d’été, un ami roulait tranquillement sur une petite route des Landes. Un chevreuil sauta devant ses roues. Il ne put l’éviter. La voiture fit une embardée et alla s’enrouler autour d’un pin. En dépit de multiples interventions chirurgicales, le malheureux conducteur resta tétraplégique. Il ne pouvait plus bouger aucun membre et on devait le nourrir avec une sonde. En quelques secondes, sa vie avait basculé dans l’horreur.

Toutes les rencontres nocturnes avec les animaux sauvages ne sont pas aussi tragiques, mais un conducteur lancé à 80 km/h, qui percute un sanglier, risque gros. D’ailleurs, selon les statistiques de la sécurité routière, après une collision de ce type, 45 % des véhicules ne sont pas réparables.

Les sangliers d’abord

La presse quotidienne régionale relate régulièrement ce type d’accident. Ainsi, récemment, le Midi Libre : « entre 6h et 7h du matin, un accident s’est produit sur l’autoroute A61 au niveau de Castelnaudary en direction de Toulouse. Trois personnes à bord d’un fourgon ont percuté le terre-plein central de la bretelle d’accès à l’autoroute alors que le conducteur essayait d’éviter un chevreuil sur la chaussée.

Parmi les trois personnes qui étaient à bord du véhicule, l’une d’entre elles a été gravement blessée et une autre plus légèrement. Le troisième passager, éjecté, n’a pas survécu ».

Les sangliers sont responsables d’un quart des collisions devant les chevreuils et les cerfs. Ne croyez pas que le risque soit confiné aux routes de Sologne ou à celles qui traversent les plus grandes futaies. La nuit, les animaux sont aussi dans la plaine. Tous les départements sont concernés, y compris à proximité des villes.

Surveiller les bas-côtés et les points lumineux

Quelles précautions prendre ? D’abord, bien surveiller les panneaux indiquant la présence de grand gibier. Les animaux ont tendance à suivre toujours les mêmes coulées et donc ces panneaux sont judicieusement positionnés. Ensuite, rouler doucement la nuit surtout quand on est proche de massifs boisés. Mais pas seulement, car les chevreuils vivent de plus en plus en plaine. Il faut aussi garder un œil sur les bas-côtés et ralentir encore si l’on voit un point lumineux. En effet, les phares font briller les yeux des animaux. Il peut s’agit d’un lièvre ou d’un lapin, mais aussi d’un sanglier, d’un chevreuil ou d’un cerf.

Certains départements ont installé des radars. Pour une fois, ils n’ont pas pour but de vous verbaliser. Le principe : trois caméras thermiques sont installées en hauteur et détectent de loin les animaux de chaque côté de la chaussée, sur environ 500 mètres. Le moindre mouvement déclenche des panneaux lumineux destinés à prévenir les automobilistes. De plus en plus de départements s’équipent et c’est efficace. L’un des premiers dispositifs, installé en Isère, a permis de réduire par trois le nombre d’accidents.

Garder des preuves

Que faire en cas d’accident ? Garder un maximum de preuves et prévenir la gendarmerie ou la police nationale. Si l’animal est mort, prenez une photo. S’il n’y a que des poils sur la carrosserie, photographiez-les.

Vous avez ensuite cinq jours pour déclarer le sinistre. Seule l’assurance « tous risques » couvre tous les dégâts.

Si vous êtes assuré au tiers, les dommages subis par votre véhicule ne seront pas couverts. Pour les dommages corporels, en revanche, la prise en charge est intégrale.

Les recommandations de la gendarmerie
  • Immobilisez votre véhicule de manière à gêner le moins possible la circulation.
  • Enfiler votre gilet fluorescent pour être visible.
  • Placez le triangle de présignalisation sur la route, en amont de votre voiture, pour avertir les autres automobilistes du danger.
  • Ne vous approchez pas de l’animal percuté. Il pourrait avoir un comportement agressif et vous blesser.
  • S’il s’agit d’un petit animal : lapin, lièvre, perdrix… Vous devez le laisser sur place.
  • S’il s’agit d’un grand gibier et qu’il est mort : cerf, chevreuil, sanglier, chamois, daim, vous pouvez l’emporter à condition d’en avoir avisé la gendarmerie ou la police selon l’article L 424-9 du code de l’environnement.
  • Si vous ne pouvez pas l’emporter, il faut en aviser les services municipaux compétents qui feront intervenir une société d’équarrissage si l’animal pèse plus de 40 kilos. En deçà de ce poids, il sera simplement enterré.

Les sangliers sont responsables d’un quart des collisions.