Monté sur de longues échasses pivotantes, ce robot intrigue dès le premier coup d’œil. « Nous ne l’avons pas équipé de roues classiques, car il aurait écrasé les plantes et laissé une trace en se déplaçant sur la parcelle », explique Guillemin Raymond, co-fondateur de la start-up Meropy, située à Meylan en Isère. « Il fonctionne comme un drone terrestre qui évolue dans le champ en analysant la culture, d’où son nom de SentiV comme sentinelle du végétal ». L’entreprise a été fondée en 2019. Le module développé est un rover qui s’inspire des véhicules d’exploration utilisés par exemple sur la Lune. Il ne pèse que 15 kg et est équipé de deux caméras qui scannent la surface et l’intérieur du feuillage. Ces capteurs de type RGB fonctionnent en lumière visible. La majorité des travaux de recherche et de développement ont été effectués en interne, dans l’entreprise. Les données prélevées sur le champ donnent lieu à une cartographie de la parcelle indiquant l’état de croissance de la culture. Le SentiV détecte aussi la présence de maladies, d’adventices ou de ravageurs. Pour le moment, le robot est uniquement destiné à un usage sur des parcelles de céréales à paille. La hauteur de travail et la largeur entre les roues sont modifiables. L’entreprise travaille donc à la mise en place de nouveaux capteurs et au développement d’applications adaptés pour d’autres cultures (betteraves, pommes de terre…).

Localisation des zones à traiter

L’autonomie du robot est de 10 heures et les batteries amovibles peuvent être remplacées quand elles sont en fin de cycle. En une journée, il couvre une surface d’environ 20 ha. L’appareil se repère dans le champ en utilisant la technologie GNSS, ce qui signifie qu’il est connecté aux différentes constellations de satellites de géo-positionnement (GPS, Galileo, Baidou…). La remontée des données se fait par connexion wifi ou bien via le réseau de téléphonie mobile. « Pour le développement de ce produit sur le terrain, nous avons des accords avec différents acteurs du secteur des coopératives, du négoce, de la distribution de matériels ou de l’enseignement », ajoute William Guitton, l’autre cofondateur de la start-up. « Ces partenaires testent le système en vue de proposer directement des prestations de surveillance et de diagnostics parcellaires à l’agriculteur ». Pour le client final, au-delà d’automatiser le tour de plaine, ce suivi parcellaire sert à établir une carte de son champ avec une localisation des zones à traiter. Il pourra ensuite agir uniquement là où c’est nécessaire avec un tracteur guidé par GPS et un pulvérisateur équipé d’une coupure automatique de tronçons, ou, mieux encore, buse par buse.