« On l’appelle facilement le concours de betteraves », explique Dominique Leickman, juge de la société centrale canine, « car à l’automne, dans le nord de la France, les fields trials ont lieu dans les champs de betteraves dont la végétation est alors idéale ». Le field trial (épreuve au champ en anglais) se constitue d’épreuves visant à mettre en valeur les meilleurs chiens de chasse. « Nous sommes reconnaissants envers les agriculteurs qui mettent à notre disposition leurs parcelles. Cela fait partie du partage de la ruralité », se félicite Dominique Lebrun, Président de l’AAFT, amicale des amateurs de field trial et du Cucs 60, Club d’utilisation sportive des chiens de chasse de l’Oise. Originaires d’Angleterre, ces concours se développent en France depuis un siècle. Réservés aux amateurs éclairés, ils concernent des chiens de race dressés par des professionnels.

Fields trials

Les fields trials d’automne commencent dès l’ouverture de la chasse. Ce matin du 22 septembre, 13 juges officiels bénévoles et 140 compétiteurs canins sont prêts à Mesnil-sur-Bulle, dans l’Oise. Ces chiens d’arrêt continentaux (braques, épagneuls bretons et griffons) et britanniques (setters irlandais ou anglais, gordons et pointers) ont trois jours pour montrer leurs prouesses. Ils sont accompagnés par des conducteurs (dresseurs professionnels) venant du nord, d’Alsace, de Normandie, de Belgique ou des Pays-Bas…

Chaque juge part avec les dresseurs des 10 à 12 chiens de chasse de sa série. Il faut un champ de betteraves par juge. Soit 13 champs situés dans un rayon de 15 km autour du point de rencontre. L’épreuve dure une quinzaine de minutes par athlète. Le conducteur fait évoluer son chien seul dans les betteraves où des faisans ont été lâchés. Le candidat au titre se met face au vent et entreprend sa quête. Il doit explorer tout le terrain, marquer l’arrêt dès qu’il trouve un faisan, attendre l’ordre de le couler (lever l’oiseau). Pas question de se jeter sur le volatile. Tout chien impulsif sera éliminé. Ensuite, une fois le gibier envolé, le chien ne doit pas réagir au coup de feu donné par un tireur professionnel. Mais dès que le faisan tombe sur le sol, il va le chercher et le ramener à son maître. « L’animal doit rester sage à l’envol et au coup de fusil. L’obéissance est de rigueur et l’expérience nécessaire pour être bien noté », détaille le juge.

Une belle allure

Le juge estime aussi l’allure du chien selon les standards de la race, notamment lors de l’exploration pour trouver le gibier. « Il doit avoir le dos droit, couler horizontalement dans les betteraves et réaliser de jolis lacets », détaille Dominique Leickman. Les gagnants de chaque série s’affrontent lors de barrages en duo. Deux chiens y évoluent ensemble. Le meilleur représentant de chaque race remportera le titre de trialer. Il sera ainsi reconnu pour la sélection des chiens de chasse via la sociétale centrale canine, qui dépend du ministère de l’Agriculture. Mais le Graal est le certificat d’aptitude au championnat international de travail, obtenu avec plusieurs titres. Sûr que ces athlètes canins vivent une réelle symbiose avec les betteraves.